Nous sommes à la mi-décembre 1913, les fêtes approchent et les marchands moulinois se préparent à des ventes nombreuses. Seulement, ils doivent affronter la concurrence qui, si elle n’est pas encore celle des hypermarchés et d’internet, n’en est pas moins redoutable. En effet, les grands magasins, les grandes enseignes d’alimentation et les grands bazars parisiens ont fait distribuer massivement en province leurs catalogues de vente par correspondance abondamment illustrés. C’est un rude coup porté au commerce local qui fait preuve d’ingéniosité pour faire face. La presse apporte son soutien en rappelant que le devoir des habitants de l’agglomération est d’acheter sur place où chacun peut voir et toucher tout à loisir, que la solidarité doit aussi s’exercer dans ce domaine.
Pour favoriser les achats dans les boutiques en ville, les vitrines se font plus attrayantes les unes que les autres et les offres spéciales aguicheuses.
Les Nouvelles Galeries au 12 avenue Nationale (avenue Théodore-de-Banville actuelle), bien qu’installées provisoirement dans de nouveaux locaux, proposent des assortiments complètement renouvelés et un choix exceptionnel de jouets et d’articles fantaisie pour étrennes à des prix identiques à ceux des catalogues parisiens et bénéficiant de bons moulinois patriotes, gages d’économies.
La Maison de Paris, 49 place d’Allier, déclenche une grande quinzaine de soldes à partir du 12 décembre. Toutes les marchandises sont examinées avec un soin scrupuleux. Les Galeries bourbonnaises (Godfroy Fils), 8 avenue Nationale, exposent quantité de jouets et de jolies fantaisies pour cadeaux qui permettent de comparer les prix et la qualité.
Madame Thomassot, 12 rue de la Flèche, accepte le paiement en bons de l’Union économique* dans sa mercerie-bonneterie-ganterie-passementerie où un assortiment considérable de corsets doublés et non doublés, « tout baleine », devient un produit-phare pour l’occasion. La maison accepte en paiement les bons de l’Union et délivre les timbres violets**.
À l’Ombrelle d’or, 16 rue de l’Horloge, monsieur Concasty aîné accepte lui aussi les timbres de l’Union économique, tout comme la maison Fantin, 52 rue d’Allier, qui met en place une grande vente réclame de sujets en terre cuite, marbre et biscuit. Les timbres moulinois sont remis pour les achats comptant.
À la Belle jardinière (maison Dumas et Chabrier), 33 rue Régemortes près du marché couvert, on annonce un grand rabais sur tous les vêtements pour hommes, jeunes gens et enfants payables avec des bons de l’Union économique. Des primes sous forme de timbres violets sont accordées. L’ouverture les dimanches et fêtes jusqu’à 16 heures fait partie des facilités pour les achats de fin d’année.
La Parasolerie bourbonnaise (Veuve Deygout), 33 rue d’Allier, offre une prime à tout acheteur de maroquinerie, articles de voyage et toiles cirées.
Monsieur Macquaire, le bijoutier du 32 rue d’Allier et Charles Coutelard, constructeur-mécanicien, automobiles et cycles, place de la gare, acceptent les bons de l’Union économique et le font savoir.
Pour terminer, voici Au sans-pareil (modes), rue de la Flèche, qui a l’instar des grands magasins de Paris et pour la première fois à Moulins, toujours à l’affût des nouveautés, a préparé un étalage inédit avec sujets de cire que tout le monde aura plaisir à voir !
Louis Delallier
* L’Union économique moulinoise, sise au n°1 place Cortet, est une société philanthropique qui a pour but de venir en aide à tous les travailleurs honnêtes en leur procurant les moyens d’acheter à crédit, aux mêmes prix du comptant, tous les objets indispensables dans un ménage. Bons reçus dans 115 magasins. Discrétion absolue, facilités de paiement.
** Le timbre escompte bourbonnais violet est échangeable aux magasins du n° 13 rue Gambetta à Moulins où les stocks qui promet à sa clientèle des stocks de plus en plus importants et de toute nature. Il est destiné à lutter âprement contre les sociétés à succursales les marchands itinérants.