La ligne du tacot venant de Cosne-d'Allier* arrive à la Madeleine, le quartier moulinois de la rive gauche de l’Allier. Elle rejoint la ligne du PO (Paris-Orléans) Montluçon-Moulins peu avant le passage à niveau de la route de Clermont (ou D 2009). La gare de Moulins s’est adaptée à la circulation du tacot en créant une voie en impasse le long du quai n°1 et une remise de deux machines près de la gare de débord.
Les passagers désirant descendre du train à la Madeleine bénéficient d’une gare construite en 1886 par l’entreprise G. Jean-Marie et J. Ronchetti un peu en retrait de la route de Limoges (actuelle avenue de la Libération) à quelques dizaines de mètres de la Demi-lune (aujourd’hui rond-point des Martyrs).
Le bâtiment de 5,36 m sur 8,27 m sur cave comprend un rez-de-chaussée avec bureau du chef de gare, salle d’attente et cuisine et un étage avec salle à manger, deux chambres et grenier au-dessus de la salle d’attente. La lampisterie est située à l’extérieur à côté des WC. La halle pour les marchandises, adjacente au corps principal, est prolongée par un quai découvert. Dès 1887, constatant que la gare de la Madeleine est accueille la plus grande partie du trafic pour Moulins-ville, le Conseil général achète des terrains autour. En 1888, la salle d’attente est agrandie. Sur le plan de 1899, figure une bascule pour peser les wagons de fumier destinés à Coulandon qui n’ont plus à faire le détour par la gare principale. L’idée était dans en réflexion depuis 1893. Toujours en 1899, une prise d’eau est installée pour simplifier la désinfection des wagons.
En septembre 1925, René Boudet, maire de Moulins, s’adresse au Conseil général pour un meilleur éclairage nocturne à la gare de La Madeleine et ses abords. Les deux lampes à pétrole existantes ne suffisent pas, surtout les vendredis de foire quand il faut débarquer et embarquer les animaux. La Société des chemins de fer économiques accepte de placer deux lanternes supplémentaires. Mais, le Service du contrôle impose un changement des lampes à pétrole par des lampes électriques jugées plus efficaces.
La gare est désaffectée le 1er janvier 1950 à la suite de la fermeture définitive de la ligne du tacot qui n’a jamais vraiment été rentable. Elle passe propriété de l’ancienne DDE (Direction départementale de l’équipement) qui ajoute une salle à l’ouest du bâtiment d’origine. Le wagon qu’on pouvait encore voir ces dernières années sur les rails près de la gare a été enlevé.
Le souvenir de cette activité ferroviaire locale est conservé par l’allée du tacot, rue ouverte entre l’avenue de la Libération et la rue des Durantats, à la place des voies de l'Economique.
Louis Delallier
*Quelques désagréments immédiats sont à signaler, le premier dès le voyage inaugural jusqu’à Bourbon le 1er décembre 1886 avec un déraillement au lieu-dit Pont-des-chèvres à 300 mètres de sa destination. Le deuxième se produit au cours de la réception du tronçon Bourbon-Buxières, le 1er février 1887, avec un nouveau déraillement, celui du train officiel. Dans les deux cas, on ne déplore que des blessures légères. Cosne est relié le 13 octobre suivant.
En 1910, on compte trois allers-retours quotidiens entre Moulins et Cosne. Les convois sont composés de deux à quatre voitures de 1ère et 2e classes et emmènent entre 100 et 120 passagers. Après le départ de Moulins-gare, les haltes sont La Madeleine, Patry (halte restaurant route de Bourbon), Coulandon, Marigny, Saint-Menoux, Agonges-Lavin, Bourbon-l’Archambault, Beaudière, Saint-Aubin-le-Monial, Saint-Hilaire, Gipcy, Buxières-les-Mines et Cosne terminus de la ligne.
Les wagons du tacot sont équipés d’un poêle rond au milieu et de sièges en bois. Un wagon est aménagé pour le transport à Bourbon-l’Archambault de malades atteints d’une infirmité importante. Les trains transportent voyageurs et marchandises à 40 km/h. Parfois, des trains spéciaux roulent au moment des foires ou de manifestations populaires.