C’est un dimanche ensoleillé qualifié de calme à Moulins où aucune réunion ou manifestation n’est à signaler. Seules les premières communions sont célébrées au sacré-Cœur. Les Moulinois partent en grand nombre au vert à la recherche du traditionnel et symbolique muguet dans la forêt de Moladier et celle de Bagnolet près de Bagneux. C’est dans cette dernière, à quelque 16 km, que se tient la fête pour laquelle la société des chasses de Bagnolet, organisatrice, s’est assuré le concours du rallye bourbonnais.
Certains se déplacent dès le matin en voiture à cheval, bicyclette, automobile, à pied si nécessaire de Moulins et villages environnants.
Des jeux forains, une ménagerie, la vente de programmes, d’insignes, de confetti et de bouquets remplissent la caisse au bénéfice des mutilés de guerre. Le Rallye bourbonnais fait sonner ses trompes à Saint-Menoux dès 10h 30 et se produit en trois endroits de la forêt.
Le banquet n’est pas la partie la moins attendue des attractions d’autant plus que les plats sont concoctés par A. Cagnat de l’hôtel de Paris à Moulins, déjà une référence en la matière. Pour clore ce substantiel déjeuner, du champagne, des toasts prononcés par monsieur Reysset, président de la société des chasses de Bagnolet, Dupoux, président du rallye bourbonnais, et Camille Planche, pas encore député, au nom de l’Association des mutilés de guerre, des chanteurs, des diseurs de textes. Et place au bal populaire !
Ailleurs dans le département, on relève une activité politico-syndicale bien marquée contrairement à Moulins qui semble « hors sol » dans ce domaine cette année-là. À Montluçon, ville ouvrière s’il en est, environ 1 000 personnes défilent avec bannières syndicales et écoutent devant la bourse du travail les interventions de messieurs Valette, secrétaire de la bourse du travail, Parisot secrétaire des syndicats ouvriers, et Prunet, cheminot révoqué. On déplore l’absence des élus socialistes.
A Commentry, la fête du travail est marquée par une réunion. À Cosne-d’Allier, 150 personnes dans les rues marchent au son de L’Internationale. Le maire, Francis Chanudet, et Demay du syndicat des cheminots prennent la parole.
L’usage, bien que récent*, est respecté à Montvicq, Doyet et Bézenet où les mineurs accompagné par les trois maires forment un long cortège qui traverse les trois communes. Les ouvriers de Vichy, eux, se retrouvent à la bourse du travail.
Louis Delallier
*Voir mon article sur le 1er mai 1919, le premier à être chômé.