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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Des foyers d'insalubrité à Moulins

Publié le 10 Avril 2022 par Louisdelallier

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

La fête de la Saint-Jean se déroule traditionnellement sur le cours de Bercy. En 1890, elle est inaugurée le 22 juin et nombreux sont ceux qui attendent avec impatience d’accéder au manège de chevaux de bois à 2 étages qui revient pour la deuxième fois.

Mais la joie est quelque peu gâchée par l’odeur pestilentielle qui se dégage de la baraque-dépôt de sang et autres déchets animaliers appartenant au tripier Baguet, située juste en face de la rue Rameau (actuelle rue du Général Hoche). Jean Baguet a bénéficié d’une autorisation municipale pour installer une fabrique d’albumine à cet endroit qu’il occupe depuis 1887.

Un lecteur envoie au Courrier de l’Allier une longue lettre rappelant l’historique de ce pénible voisinage pour les habitants. Cela fait en effet trois ans qu’ils protestent tant et plus auprès de la municipalité restée sourde à leurs plaintes.

Celle du 10 septembre 1888 fait état des risques d’épidémies, d’accidents causés par des chevaux qui se cabrent surpris par l’odeur et de la présence ordinaire et quotidienne de mouches porteuses de germes qu’elles peuvent transmettre à la population par une simple piqûre.

Le 15 octobre 1889, une pétition recueille les signatures des riverains et reproche fortement à Monsieur Ville, maire et député, de passer plus de temps à Paris qu’à Moulins où, de plus, ce quartier qui n’est pas fréquenté par les beaux équipages est naturellement négligé.

 « On s’adresse bien à nous pour les élections quand on veut avoir nos votes, on nous bourre alors de prospectus, mais après ?... Va-t’en voir s’ils viennent, Jean ! »

Bien que le tripier ait déplacé son dépôt à la fin du mois d’août, il continue à approvisionner sa baraque en viandes avariées tout aussi nocives. Il a même l’intention de s’agrandir en tentant d’obtenir une nouvelle autorisation par des voies détournées. Il affirme qu’il serait au moins à 140 mètres des maisons en omettant celles de MM Redon, Rétat et Suchon à 50 mètres et la rue Durand à 80 mètres.

Les pétitionnaires enragent de n’avoir obtenu aucun résultat malgré leurs démarches répétées autant auprès de la mairie que de la préfecture. Ils continuent de voir arriver des cadavres d’animaux mort-nés et constatent le décès de chiens qui en ont consommé. Un homme, piqué par une mouche, a dû être soigné par le docteur Méplain pour enrayer l’infection.

En ce début d’été 1890, les riverains s’indignent de ce que, pendant 8 jours à la Saint-Jean et pour les courses, on enlève les charognes avant d’asperger les lieux de chlore comme ce fut le cas après le samedi 21 juin à la suite de l’article du Courrier de l’Allier sur cette question épineuse.

Enfin, le conseil municipal, réuni le 10 septembre, étudie la requête de M. Baguet, qui la présente pour la 3e ou 4e fois, pour ouvrir, dans l’abattoir de la place aux Foires (place Jean-Moulin aujourd’hui) une fabrique d’albumine à base de sérum de sang frais provenant de l’abatage des animaux. Les élus lui donnent satisfaction sous réserve qu’il suivra scrupuleusement les prescriptions du conseil d’hygiène, qu’il se servira d’acide sulfurique et qu’il assumera les frais de construction et d’entretien du bâtiment nécessaire à son travail. Le problème du cours de Bercy est donc en passe d’être résolu.

Mais, la municipalité n’en a pas fini avec l’insalubrité en ville. Parmi les réclamations figurent en bonne place l’exigüité de la salle mise à disposition du public à la poste, les odeurs putrides au passage Moret et celles non moins désagréables émanant des urinoirs le long du palais de justice obligeant les riverains à tenir leurs portes et fenêtres fermées.

 

Louis Delallier

Autre article sur le cours de Bercy : la baraque de l'ermite Bézulier

 

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