En pleine guerre, l’avenir est bien incertain, mais il faut quand même le préparer. La Chambre de métiers quittant ses locaux de la rue des Tanneries pour de plus vastes, place du Maréchal-Pétain (place d’Allier) au n° 23, dans l’ancien magasin Léveillé, saisit l’occasion de collaborer à l’exposition de l’Ecole Pratique de commerce et d’industrie de Moulins*. Deux lieux seront ouverts gratuitement au public : les salles de classe du 6 rue Achille-Roche et les ateliers du 1 rue de Lyon.
Pour bien faire les choses, MM Girard, sous-directeur de l’Ecole Pratique, Marcel Génermont, architecte, Bourdon, chef de travaux à l’E.P. et commissaire général de l’exposition, Maifrédy, Péronnet, professeurs à l’E.P., Armand Brugnaud, conservateur du musée, André Jesset, inspecteur de l’apprentissage artisanal à la Chambre de métiers, Pligot, organisateur de la récente exposition ouvrière des jeunes à l’U. F. et Madame Goliard.
Marcel Génermont défend sa chère idée de la présentation d’un tailleur de pierre au travail. Est proposée aussi la reconstitution d’un intérieur bourbonnais où les visiteurs pourront observer une famille d’artisans ruraux traditionnelle dont la grand-mère filera sa quenouille, la mère confectionnera le repas, le père bourrelier (ou menuisier) vaquera à ses travaux et la fille fera le ménage.
Le samedi après-midi, personne ne manque à l’appel. Des jeunes filles font une haie d’honneur à l’imposante concentration de personnalités :
Préfet Porte et son chef de cabinet Roche,
MM Barbas, inspecteur d’académie, René Boudet, maire de Moulins, Lucien Chambron conseiller national, Gauché, proviseur du lycée, Martin, président du tribunal civil, au commandant Sallantin, président du Secours national, aux inspecteurs régionaux et départementaux de l’enseignement technique,
MM Meunier, inspecteur primaire, Morand, chef de gare, Pierre Chambron, président du Syndicat d’initiatives, Dupré, adjoint au maire, Duquesnel et Plumet, conseillers municipaux, Topenot, président de la chambre de commerce et conseiller municipal, Brugnaud, au directeur des Postes,
MM Allès, président de la Chambre de métiers, Bassinet, délégué à la jeunesse, Mosnier, délégué aux sports et jardins scolaires, Meyzonnade, secrétaire général de la mairie, Tardivat, directeur du bureau d’orientation professionnelle, Ville, secrétaire général de la gare S.N.C.F., Oster, Galfione, Tison directeur de la Société ouvrière des menuisiers de Moulins, Meunier économe des hospices de Moulins, le Docteur Lougnon, etc.
Rue Achille-Roche, M. Maifrédy, aidé par ses collègues, se montre un guide disert. Les classes ont été décorées au cours de l’année par les élèves sur le thème « la France que nous aimons ». Un groupe d’anciens élèves de la section commerciale de l’école pratique et des cours professionnels présente les deux après-midi le « Bureau moderne » au travail sous la houlette de M. Péronnet, professeur principal. Les méthodes d’organisation et de mécanographie et le fonctionnement de machines modernes dont des machines à calculer et des adressographes sont expliqués. Des sténotypistes, sténodactylographes sont à l’œuvre.
Dans une salle, M. Parquet, professeur de géographie, a accroché des cartes postales groupées par province et une carte géologique dont il est l’auteur.
Fables de la Fontaine, France d’Outre-mer, animaux pour les plus jeunes, modèles d’avions, collections de timbres, dessins de Jacquemart, collégiale, plan de l’église d’Yzeure signé A. Diat, groupe ayant pour sujet Jeanne d’Arc signé Deschamps, petits paysages, motifs décoratifs sont à découvrir au fur et à mesure de la déambulation.
Rue de Lyon, c’est à M. Girard, le directeur, que revient le rôle de commentateur. Le préfet est conduit devant chaque établi où il observe les travaux des élèves.
Dans l’atelier du bois, une petite bibliothèque en chêne cirée retient l’attention. Elle est l’œuvre de Robert Roure**, 16 ans, élève remarqué. Il est aussi l’auteur d’un meuble plus simple mais plus volumineux et de pièces de moulage qui ont servi à couler des éléments de Jacquemart qui ne sonnait plus.
Dans l’atelier fer, tout autant propre et ordonné, M. Denis montre les travaux de ses élèves. Bien qu’ils puissent s’exercer sur une vraie forge, nombre d’entre eux lui préfèrent la mécanique ou l’ajustage. A ce propos, il est établi, alors, que si on s’en tient au choix de l’enfant, le résultat ne sera que médiocre et qu’il faut l’emmener vers la profession qui semble lui convenir le mieux.
Les métiers féminins, divers travaux de la section industrielle, des classes de chimie, de physique, d’électricité industrielle, d’histoire et de géographie sont au programme de la visite. Et une exposition d’enseignement général se tient dans la salle où trône en bonne place la plaque commémorative des anciens élèves morts pour la France. La remise des diplômes*** et prix se déroule dans la cour centrale. Elle est suivie d’une séance récréative comprenant un chant choral sous la direction de M. Maifrédy, maître d’enseignement général et des exercices de gymnastique comme des pyramides sous la surveillance de M. Aurembout. Enfin, des jeunes filles costumées, élèves de l’école, se produisent dans des danses régionales très appréciées.
La promotion de l’apprentissage et son développement sont entre de bonnes mains à Moulins où l’on a bien fait les choses pour se conformer aux attentes du gouvernement de Vichy.
Louis Delallier
*Pour y être admis, il faut avoir 13 ans avant le 31 décembre de l’année en cours.
**Il deviendra bien menuisier
***1er prix du 65e concours de bonne présentation dactylographique de Moulins : Huguette Talon - prix spécial Pierre Nicolas sur 81 candidats. L’école pratique de Moulins est classée première.