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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Jean-Baptiste Leriche-Montal a su prendre le virage du vélocipédisme

Publié le 11 Mars 2023 par Louisdelallier in Commerce, Portraits

Source Gallica BNF

Source Gallica BNF

Suivant la tradition familiale, Jean-Baptiste Leriche-Montal commence par se lancer dans la sellerie-bourrellerie. Il y obtient des médailles à Moulins (1885), Paris (1886), Chantelle (1887) et à l’Académie nationale de Paris en 1887 dont il est membre. En décembre 1887, dans son magasin du 70 rue d’Allier à Moulins, il tient à disposition des petites selles pour garçons et fillettes, des selles et brides anglaises complètes pour enfants et adultes.

L’année suivante, il propose à ses clients des harnachements de luxe, de commerce et agricoles, comprenant des colliers sans tête, des sous-ventrières hygiéniques (modèle déposé) qui lui valent de nouvelles récompenses dont une médaille d’argent de la Société Protectrice des Animaux de Paris et une médaille de bronze à Autun. Les selles et brides anglaises pour promenade des enfants (sur commande dans les six jours) sont les articles mis en avant pour l’été.

C’est en 1889 qu’on le trouve dans le commerce du vélo. Ce mode de déplacement se développant et s’améliorant considérablement, il requiert des professionnels capables de se procurer et de réparer un matériel de plus en plus demandé pour la pratique sur route et l’organisation de courses cyclistes.

Jean-Baptiste Leriche-Montal conserve les mêmes locaux au 70 rue d’Allier et se présente, en décembre 1890, comme mécanicien spécialiste, directeur, détenteur du monopole général des vélocipèdes. Un an après, dans la presse, il confirme son monopole général de vélocipèdes français et anglais qu’il vend, loue ou échange. Et il annonce avoir agrandi ses magasins installés à l’instar des grandes maisons de Paris, en plus de son atelier spécial de mécanique pour réparations cours Choisy (actuel cours Jean-Jaurès dans sa partie entre la rue d’Allier et la rue Diderot). Comme gage de son professionnalisme, il s’appuie sur sa remarquable exposition de pièces, accessoires de toutes sortes, costumes et pélerines et de modèles des plus grandes marques de vélocipèdes qu’il représente : Phébus, Hurtu-Hautin et Diligeon de Paris, Bayliss-Thomas, Humber et Cie de Coventry (Angleterre). Il préconise de ne pas se laisser prendre aux fortes remises que les maisons de huitième ordre offrent ; il faut voir le prix de revient à qualité égale avant tout, toutes références seront données sur la place de Moulins, en ce qui concerne le grand nombre de machines vendues par la maison.

La très dynamique et colorée affiche publicitaire sortie de l’imprimerie parisienne Camis démontre sa volonté de réussir en s’attirant une nouvelle clientèle. Au printemps 1899, il se diversifie un peu en mettant en vente des machines à coudre à la moitié du prix ordinaire avec huit jours d’essai et dix ans de garantie. Et les affaires marchent bien car en 1892 existe une succursale à Vichy, place de l’Hôtel-de-Ville.

J. B. Leriche-Montal, membre de l’Union vélocipédique de France, est aussi un pratiquant. Il réalise un véritable tour de force en mai 1891 en parcourant une trentaine de km entre Hérisson et Montluçon de 16 heures à 17h 05, soit 65 minutes, durée constatée par des témoins. Cela lui vaut alors d’être considéré comme un des meilleurs bicyclistes.

En 1889, il avait déjà fait preuve d’énergie en s’élançant sur la route à la poursuite d’un voleur de tricycle jusqu’à Bourges. C’était le 23 mai, un jeudi, vers 9 heures. Un jeune homme en tenue militaire entre dans son magasin pour louer un tricycle. Il en a besoin pendant une heure et précise être en permission chez sa mère au 28 rue Pape-Carpantier. A midi, monsieur Leriche, inquiet de ne pas revoir son bien, s’empresse d’aller rue Pape-Carpantier où on ne connaît pas de soldat.

En se dirigeant vers le commissariat, il apprend qu’un militaire a été aperçu arrivant en tricycle dans une auberge de Villeneuve. Aussitôt, il enfourche l’une de ses bicyclettes pour s’y rendre mais arrive trop tard. Qu’à cela ne tienne, il pédale jusqu’à Bourges où il s’arrête vers 22h 30. Il aura quand même parcouru 100 km. Des paysans interrogés en chemin lui racontent avoir échangé quelques phrases avec un vélocipédiste militaire. Il se disait appartenir à section de tricycles se rendant à l’exposition universelle, être en tête et pouvoir obtenir deux mois de congés s’il restait premier.

De retour à Moulins, J. B. Leriche-Montal dépose plainte pour le vol de son tricycle Rudge, d’une valeur de 600 francs. L’enquête découvre que le jeune voleur appartient au 122e régiment d’infanterie basé à Montpellier, qu’il a bien encore sa mère, mais à Paris, 115 avenue de Clichy. Cette dernière, veuve, lui répond le 12 juin qu’elle vient d’expédier la machine à Moulins, qu’elle est « au désespoir et espère en lui ». Son fils a déserté depuis le 5 mai. Monsieur Leriche-Montal accepte de retirer sa plainte, mais demandera un dédommagement en cas de dégâts.

Marié à Madeleine Diat, fruitière, qui tiendra la criée des halles, il meurt le 1er août 1899 à l’âge de 41 ans. Il est père d’au moins trois enfants : Hélène, Antoine et Claude. Antoine deviendra mandataire aux halles et Claude tiendra un commerce (70 place aux Foires et 4 rue Durand) « La nouvelle fabrique de voitures » spécialisée dans les véhicules à roues caoutchoutées ou ferrées en deux pièces dont les voitures de marque Leriche. La tradition familiale ne s’est pas perdue.

 

Louis Delallier

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