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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Michelin à Moulins ? Un beau projet !

Publié le 18 Mai 2025 par Louisdelallier

Point bleu : entrée actuelle de l'ex-atelier de chargement (Géoportail années 1950-1965)

Point bleu : entrée actuelle de l'ex-atelier de chargement (Géoportail années 1950-1965)

L’effort de guerre ayant cessé avec l’armistice du 11 novembre 1918, l’atelier de chargement, rue des Époux-Contoux à Yzeure en limite de Moulins, a besoin d’un avenir. Lorsqu’il tournait à plein régime, il assurait une certaine prospérité économique grâce aux plus de 8 000 employés qui consommaient dans les commerces en ville. Sa réaffectation est par conséquent une préoccupation de premier plan pour les élus qui ne ménagent pas leurs efforts.

En avril 1919, la nouvelle fait le tour de l’agglomération : l’entreprise Michelin est intéressée pour y ouvrir une succursale. Le mardi 22, le « génie du pneumatique », Michelin père, fait le déplacement. Il procède à une visite minutieuse en compagnie d’Antoine Darfour, maire de Moulins, et de Laurent Bernard, préfet de l’Allier. Il en ressort avec une impression excellente et le désir d’occuper les lieux si un arrangement peut être conclu rapidement à un prix raisonnable. Il soulève plus tard la question des nouveaux tarifs douaniers sur l’importation du caoutchouc à l’état brut. Il espère que le barème lui permettra de continuer sa fabrication de manière à concurrencer les grands caoutchoutiers étrangers. Dans le cas contraire, il devrait s’installer hors des frontières de France pour maintenir sinon accroître son chiffre d’affaires.

L’enjeu est important pour Moulins car M. Michelin estime son besoin en main-d’œuvre à dix mille hommes et femmes, ce qui pourrait multiplier par deux la population de Moulins en comptant une moyenne de quatre personnes par famille. Ses employés seraient logés dans une vaste et nouvelle cité.

Cette solide manufacture de renom constituerait un atout industriel de taille s’ajoutant à l’usine Decauville en cours de construction à Avermes, l’entreprise Bardet en transformation et à la fabrique La Chaussure presque achevée, rue des Garceaux.

Le Progrès de l’Allier du 22 mai fait état d’une rencontre à Paris entre M. Darfour, M. Michelin père et Louis Loucheur*, ministre de la Reconstitution industrielle. La fabrication de bandages pour roues de camions automobiles à Moulins reste d’actualité. Marcel Régnier, président du conseil départemental (ancien député et futur sénateur), intervient directement auprès d’André Godin qui fut préfet de l’Allier. André Godin, directeur du cabinet civil de Georges Clemenceau, Président du Conseil et ministre de la Guerre, écrit qu’il n’a pas perdu de vue ce projet de la maison Michelin.

Viendra ? Viendra pas ? La question n’est toujours pas tranchée en juillet. Montluçon, bien défendu par son maire, Paul Constans, par ailleurs député, est naturellement sur les rangs. Et même si la préférence semble aller à Moulins, l’idée d’un simple agrandissement des usines Michelin clermontoises commence à poindre.

Malgré les démarches, les rendez-vous, les soutiens politiques, Moulins, pas plus que Montluçon ou une autre localité bourbonnaise, ne verra s’installer le poids-lourd du pneumatique. Le Courrier de l’Allier du 27 août annonce laconiquement qu’il n’y a plus lieu de parler des négociations entre la firme Michelin et l’Etat pour la reconversion de l’ancien atelier de chargement de Moulins ou de celui de Montluçon. La question est réglée avec la création d’un atelier de réparations du matériel roulant, wagons et locomotives, de l’Etat à Montluçon et un magasin de pièces détachées à Moulins.

Le 19 septembre 1919, le Progrès de l’Allier encore plus brièvement donne l’information qu’une partie de l’atelier de chargement d’obus moulinois vient d’être acquise par la compagnie PLM qui l’affectera à la réparation de wagons et que l’autre partie servira de dépôt d’obus désamorcés. La déception dont les journaux ne font pas du tout état a dû être palpable tant l’attente était grande. Aujourd’hui, les bâtiments sont toujours occupés par l’armée et sa 13e Base de Soutien du Matériel.

 

Louis Delallier

* La loi Loucheur en 1928 marque un progrès important pour le logement social. Elle permet alors aux particuliers d'emprunter à L’État à des taux très faibles, pour acheter un terrain et construire un pavillon.

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