Hector Loursat, avocat, devenu alcoolique, a cessé de plaider depuis que sa femme l’a quitté, dix-huit ans auparavant. Il vit à Moulins, dans une vaste maison à moitié vide, avec sa fille, Nicole élevée par la servante, Fine.
Un soir, il entend un coup de feu chez lui et découvre un inconnu assassiné dans son grenier. C’est Gros-Louis, un repris de justice. Nicole et ses amis sont interrogés par la police. C’est alors que Loursat se remet au travail pour défendre brillamment sa fille et ses amis.
En 1942, Henri-Georges Clouzot adapte au cinéma ce roman de Georges Simenon écrit en 1938 et publié en octobre 1940. Le film est réalisé par Henri Decoin. Raimu y interprète Loursat.
On y déplore le relâchement des mœurs, la délinquance juvénile et l'abandon parental. Le discours final de l'avocat a des côtés pétainistes. Et comme le coupable n’est autre que l'étranger du village auquel le roman sous-entend même une origine juive, le film est interdit à la Libération.
Ce film dénonce surtout l’hypocrisie et les principes d’une société provinciale bourgeoise, sens qu'il a retrouvé au fil des années. Il est considéré comme l’une des meilleures et plus fidèles adaptations cinématographiques de Simenon.
Le roman de Georges Simenon est d’abord publié en feuilleton hebdomadaire dans Match à la fin de l’année 1939.
Un entrefilet paru dans la presse locale (Le Progrès de l'Allier, octobre 1939) regrette que les noms des rues imprécis ou inexacts apparaissant dans le roman ne permettent pas de reconnaître Moulins.
Georges Simenon écrit alors au journal pour s’en expliquer. Il est bien sûr satisfait d’être lu aussi attentivement. Il ajoute que s’il s’est décidé à rester vague, c’est parce qu’il a été poursuivi en justice et a risqué de 200 000 à 500 000 francs de dommages et intérêts pour avoir situé un roman dans un cadre trop exact.
Georges Simenon laisse à penser qu’il n’a pas décrit que Moulins dans son roman bien qu’il y ait vécu quelques mois lors de ses débuts. Mais, il précise que Moulins fait partie des deux ou trois villes de France où il aime se « plonger en hiver précisément ».
Cette réponse n’empêche pas les cinémas moulinois d’annoncer « Les inconnus dans la maison » comme un film se déroulant à Moulins pour inciter les spectateurs à se déplacer en plus grand nombre.
Louis Delallier