Après la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815, et la chute de Napoléon, 61 départements français sont occupés jusqu’en décembre 1815 par 1 236 000 Russes, Autrichiens, Prussiens, Britanniques, Italiens, Allemands, Suisses et Danois qui se répartissent le territoire. L’Armée Française se retire en deçà d'une ligne de démarcation qui suit la Loire depuis son embouchure, puis l'Allier jusqu’au département de l’Hérault.
L'été 1815 est difficile. les Français doivent nourrir les armées alliées, les loger, les vêtir et se soumettre à la saisie de fonds publics, aux contributions en argent levées sur les gens aisés, aux livraisons de draps, de chemises, de chaussures, à la fourniture de subsistances en pain, en viande, en vin, de fourrages. Les biens publics sont saccagés et les particuliers subissent de nombreuses exactions. Les fonctionnaires qui tentent de résister sont durement sanctionnés. Des préfets sont déportés en Allemagne, les maires et les percepteurs sont rossés. Les occupants les plus supportables sont les Anglais qui craignent qu'une occupation trop lourde ne conduise les Français à la révolte. Les Russes sont disciplinés, à l'exception de certains Cosaques. Les Autrichiens tirent profit du commerce. Les Prussiens sont les plus craints et haïs. Avec eux, les brimades sont systématiques.
Le maire de Moulins, Monsieur des Roys, est absent lorsque, le 21 juillet 1815, la municipalité et les généraux qui se trouvent à Moulins sont informés par des parlementaires autrichiens qu’une colonne de 16 000 hommes envoyés à Moulins est déjà à Bourbon-Lancy et qu’une troupe d’hommes passée par Chevagnes est en route pour la ville.
Le maire est rappelé d'urgence et grâce à sa présence, les 800 autrichiens venant de Chevagnes ne séjournent que deux jours à Moulins.
Entre le 13 août et le 23 octobre 1815, quatre interprètes sont installés à la mairie pour faciliter les rapports entre l’occupant et la population. Il s'agit de Messieurs Mayer, marchand-drapier, Guébard marchand-tailleur, Charles maitre-culottier et Béraud huissier. Leur rémunération est de trois francs par jour chacun.
Le maire doit fournir deux plantons, un gendarme et un garde national au baron von Hugel gouverneur de Moulins accueilli chez Monsieur de Labrousse et aux deux commandants de la place, le major würtembourgeois Enzenberg et le capitaine français Civel qui logent ensemble. Deux corps de garde sont établis l’un sur la place avec un officier et quarante hommes de troupes alliées, un officier et huit hommes de la garde nationale, l’autre au pont Régemortes pour empêcher la communication jugée dangereuse entre les deux rives. D’autres corps de garde se trouvent rue des Garceaux, rue Chaveau, rue de Bourgogne et rue de l’horloge.
Moulins est alors vraiment occupée par les troupes étrangères.
Pour éviter tout contact avec les alliés occupants, les soldats français sont casernés au-delà du pont Régemortes à La Madeleine. Il s’agit du 18e dragons, du dépôt du 2e de la même arme et de celui du 10e chasseurs à cheval.
Le 17 août arrive à Moulins le commandant en chef des troupes alliées, son altesse sérénissime le prince Adam de Würtemberg. Il sera logé chez Madame veuve Brunet de Prévezac et prendra ses repas chez le traiteur Duchesne.
Le 15 septembre, Monsieur Otto, commissaire général du roi du Würtemberg, avise le préfet que les troupes occupantes paieront comptant les réquisitions qu'elles ont faites.
Toutes les troupes occupantes quittent la ville le 23 octobre 1815.
Le préfet souligne alors la discipline et la modération maintenue par les officiers würtembourgeois. Et, le baron von Hugel retient de son côté les bonnes relations entre les habitants et les soldats.
Le traité de Paris du 20 novembre 1815 décide d’une occupation restreinte aux sept départements frontaliers et à dix-sept places fortes situées dans ces départements qui sont le Nord, l’Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Moselle et le Bas-Rhin et le Haut-Rhin. Les troupes coalisées sont alors réduites à 150 000 hommes.
La liquidation des réquisitions durera jusqu’en février 1819.
Louis Delallier d'après l'histoire de Moulins d'Henry Faure parue en 1900 chez Crépin-Leblond.