Depuis quelques jours, un bruit, parti de l’aéro-club, se répand en ville. Le capitaine de vaisseau André Dieudonné, originaire de Moulins a l’intention de tenter de se poser sur l’Allier, près de la plage, avec son hydravion.
Le 4 juillet 1939, c’est chose faite. A 10 heures, le capitaine Dieudonné décolle de Saint-Mandrier dans le Var en compagnie de son mécanicien, sous-lieutenant. Il lui faut 2 heures 15 pour rallier Moulins qu’il survole à faible altitude à 12h 15. Le vent lui a permis de gagner près d’une heure de vol et d’atteindre une moyenne de 300 km heure. L’hydravion se pose peu après en douceur. C’est un Gourdou-Leseure pour les petits bombardements et la faible reconnaissance.
Une foule nombreuse qui voit passer l’appareil se précipite vers le pont Régemortes et la plage pour assister au spectacle.
Les deux hommes sont accueillis par le président du syndicat d’initiative qui remet au capitaine Dieudonné la médaille du « cerf-volant » et par des membres de l’aéro-club. Les parents et beaux-parents du capitaine sont bien sûr présents.
Après un déjeuner rapide et le ravitaillement de l’hydravion, le décollage a lieu à 14h 15 sous les acclamations d’au moins cinq cents personnes. En guise de réponse, l’appareil exécute plusieurs virages au ras de l’eau.
Le capitaine Dieudonné a fait partie de l’équipage du dirigeable Dixmude et a échappé au naufrage du 21 décembre 1923 en Méditerranée grâce à une maladie qui l’a éloigné de ce vol-là.
Il est toutefois victime d’un accident d’hydravion au large de Cherbourg au début du mois de novembre 1927 alors qu’il effectue un exercice quotidien de liaison avec le sous-marin Brumaire, l’aviso Ailette et d’autres bâtiments. L’équipage est repêché par l’équipage du Brumaire qui, en revanche, échoue dans le remorquage de l’hydravion qui se disloque. André Dieudonné s’en sort avec un bras abimé par l’hélice dans laquelle s’était pris le capotage du moteur. Il reçoit la visite du vice-amiral Vindry pendant son séjour à l’hôpital.
En mai 1936, les officiers du centre d’aviation de Saint-Raphaël font appel à ses talents de radiesthésiste pour retrouver l’épave du Nieuport 140 qui s’est abimé en mer le 5 mai au cours d’un vol d’essai. A son bord, le jeune pilote d’essai Jean Decaux ne survivra pas.
Il participe également à de nombreuses opérations dans les colonies françaises dont, en novembre et décembre 1933, la croisière noire aérienne du général Vuillemin en Afrique occidentale et Afrique équatoriale françaises, action pour laquelle il reçut la Légion d’honneur.
Louis Delallier