Dès les premiers jours de la guerre, la défense passive impose le camouflage des lumières pouvant renseigner les aviateurs et offrir des cibles très visibles, donc plus facilement atteignables. Après juin 1940, les autorités allemandes maintiendront bien évidemment ces contraintes. Des affiches sont apposées sur les murs pour rappeler les ordres auxquels la population doit se soumettre.
Les Moulinois se hâtent d’acheter le matériel nécessaire pour opacifier les vitres de leur logement. Chez les droguistes, les teintures bleues disparaissent en quelques jours. Les magasins de tissus sont achalandés comme les jours de soldes ou de braderie. Les clients s’arrachent le tissu sombre, bleu ou noir. Des mètres et des mètres sont débités. Les librairies et les bazars vendent des quantités de papier bleu.
Certaines personnes demandent l’assistance de professionnels pour poser le camouflage. Les peintres en bâtiment, les tapissiers trouvent un débouché inattendu dans une période pourtant difficile.
Les autres habitants, eux, se débrouillent seuls pour garnir les ouvertures de leur domicile. On peut ainsi découvrir du bourrage de papiers froissés entre les lames des volets ou de la toile à matelas usagée clouée aux volets. Mais, ce camouflage résiste assez peu aux intempéries et il faut recommencer. Comme le papier bleu finit par manquer, on se procure du papier opaque qui suffit, tout comme suffisent les feuilles de carton blanc ou gris ou le papier bitumé.
C’est ainsi que l’imprimerie du Progrès de l’Allier en arrive à proposer de vendre son stock de feuilles de carte blanche 75-106 au prix de 1,60 franc la feuille et 1,55 franc le lot de 5 feuilles.
Louis Delallier