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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Le Moulinois Antoine le frappeur

Publié le 15 Avril 2014 par Louisdelallier in Spectacles, Sport, Portraits

Antoine a presque 70 ans. Il a belle allure et les épaules larges. II raconte son histoire tout en fumant la pipe, assis dans une buvette de la rue de Decize. Il est né à Moulins, vers 1872 dans le quartier des Champins où ses parents habitaient une petite maison. Son père était jardinier comme il le deviendra lui-même. Très jeune, il s’enthousiasme pour les sports de combat. Les fêtes de quartier sont l’occasion pour lui de fréquenter les baraques foraines. Il devient une vedette locale.

A l’âge de 18 ans, dans les années 90, il part faire le tour de France comme banquiste de passage (Bateleur qui se déplace dans les villes). II acquiert rapidement une renommée certaine.

Les déplacements s’effectuent à pied pour ne pas fatiguer le cheval du patron. Il faut monter l’installation dès l’arrivée et la fête commence. Antoine le frappeur a vu toutes les villes et les villages au cours de sa carrière de lutteur.

Après une période de 10 ans, il quitte son patron qui l’avait aidé à monte sa propre entreprise. Il a deux associés : Abel le boxeur et Pierre le lutteur. Et, à un certain moment, un noir se joint à eux dit-il. Il travaille à la fête d’Yzeure notamment et au cirque de Paris. C’est là qu’il rencontre Yves le boulanger1 et aussi Constant le marin2.

Une victoire contre Yves le boulanger vaut à Antoine le frappeur un engagement au cirque Piège. Lorsque son contrat prend fin, il repart sur les routes avec la troupe qu’il a formée comprenant six athlètes.

Antoine le frappeur qui a acheté une petite maison près de la rue de Decize s’est retiré à Moulins. Il égrène le nom des fêtes qu’il aimait : rue de Decize, celle de Nomazy, celle de la rue de Lyon, de la rue des Garceaux, de Neuvy, Toulon, Yzeure etc. Il se rappelle avoir fait enrager la brave Madame Lozet et conclut que le Bourbonnais n’a pas d’égal.

  1. Yves le boulanger fut champion du monde du soulever de terre à deux mains, catégorie mi-lourd,  508 livres, le 10 décembre 1912, et champion du monde 1920 toutes catégories. Il a reçu la médaille de l’haltérophile club de France. Son bras, mesuré par le professeur Edmond Desbonnet faisait 43 centimètres de circonférence. Il fut surnommé l’as de la pince par Charles Rigoulot, l’athlète le plus fort du monde.

  2. De son vrai nom Henri Herd (1884 Liège - 1965 Liège), il choisit de s’appeler Constant le marin en hommage au lutteur namurois Constant-le-boucher. Il obtient sa première ceinture d’or en 1910 à Buenos-Aires en battant, après 4 heures de combat, le Français Paul Pons. Il en gagnera quatre en tout. Henri Herd s’engage en 1914 bien que le tirage au sort le dispensait du service. A son retour de la guerre, il est invalide, mais travaille dur pour redevenir Constant le marin. C’est chose faite le 15 mars 1921 quand il décroche son dernier titre de champion du monde. Après de nombreux voyages à travers le monde où il combat pour de l’argent, il se réfugie en France en mai 1940 où il s’occupe pendant un temps d’un centre de réfugiés. Ensuite, c’est l’Argentine et enfin Liège en 1946. Là, il ouvre un café à Outre-Meuse, le café des lutteurs, dont le sous-sol est réservé à une salle de sport où il enseigne la lutte gréco-romaine.

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