En 1831, à Moulins, l’entretien des rues revient aux âniers. On les retrouve du faubourg de Chaveau (quartier autour de l’actuelle rue de Decize) jusqu’aux Bataillots à Yzeure. Ils parcourent la ville toute la journée en chargeant outre mesure leur âne à l’aide d’une grande pelle en bois avant de s’y hisser à leur tour. Leurs ânes sont plutôt maltraités ce qui les rend craintifs donc dociles. Les âniers, presque toujours pieds nus se comportent comme les rois de la rue et abusent de leur pouvoir. Il leur arrive même de salir volontairement les passants.
Leur jeunesse, l’aîné ne dépasse guère les 14 ou 15 ans, leur donne toutes les facilités ou les malices. Ils n’hésitent pas à faire des voltiges sur leur bête pour signaler qu’un cirque s’est installé en ville. Ils sont capables de parodier les revues de la garde nationale ou encore de se déplacer en groupe coiffés de plumes de coq en soufflant dans des trompettes fabriquées avec des tiges d’oignons. Dans ce cas, il faut comprendre qu’un charlatan est en train de faire son numéro sur une place.
Les âniers sont pour la plupart en bonne santé grâce à ce métier exercé par tous les temps. Ils deviennent des hommes travailleurs, honnêtes et gais ayant conservé leur tendance à l’ironie. Ils sont nombreux parmi les jardiniers de Chaveau et d’Yzeure et les vignerons de Sainte-Catherine et du Haut-Barrieux.
Finalement, la municipalité de Moulins, à l’initiative de son maire M. Charrier (1838-1840), supprime cette corporation et la remplace par des tombereaux dépourvus d’originalité qui passent le matin pour ramasser les immondices.
Louis Delallier