A l’exemple de Paris, Moulins crée sa société des cent kilos autrement nommée « Les Infatigables au repos ». Son but est de réunir ses membres deux fois par an dans un banquet fraternel et sa devise est « manger, boire, chanter et rire ». Elle s’interdit d’avoir un président afin que cette distinction ne fasse l’objet d’aucune rivalité. Nous sommes en avril 1897.
Le samedi 23 octobre suivant, le premier banquet des 100 kg se tient au restaurant de la Paix, chez Dumonceau, 5 rue de la Flèche, à 19 heures précises. La cotisation est de cinq francs. Messieurs Bergerolles et Dormet se chargent de récolter l’argent. Peuvent s’inscrire les aspirants 100 kg à partir de 90 kg. Une bascule est installée devant l’entrée du restaurant. Les cent kilos sont priés de se peser à la sortie. On ne sait pas s’ils se sont pesés à l’entrée pour constater la différence. Ça aurait été utile compte tenu du menu proposé :
Huîtres de Marennes
Potage brunoise
Brochet au bleu
Vol-au-vent financière
Selle de pré-salé portugaise
Haricots rouges à l’étuvée
Cailles de vigne rôties
Salade de saison
Buisson de crustacés
Bombe glacée
Desserts assortis.
Une vingtaine d’entre eux se sont sustentés plus que de raison. La fille de l’un d’eux a joué de la mandoline au moment de l’entremets, un peu avant des chants qualifiés de gaulois entonnés par les convives.
Louis Delallier