La population moulinoise attend depuis longtemps l’édification d’un kiosque à musique en remplacement de l’estrade où se produit la Lyre moulinoise. Dans les années 1870, cette dernière ne disposait, en effet, que d’un « kiosque » en bois, sans toit, démontable, qui était installé à l’angle de la rue des Potiers et du cours Anatole-France (Doujat à cette époque) et enlevé après chaque concert. Quelques années plus tard, un kiosque avec balustrade en bois est construit au même endroit, toujours sans toit. En cas de pluie, il fallait que les musiciens trouvent abri au café chinois (angle des Cours et de la rue des Potiers - à peu près face au café américain - on aperçoit encore des traces du mot BANQUETS sur la façade).
Le conseil municipal prend enfin la décision le 27 avril 1895 de bâtir un kiosque durable, près de la préfecture devant l’hôtel de Saincy. Mais, le président de la Lyre moulinoise, Monsieur Lavergne, écrit au maire dès le lendemain :
« Les soussignés, membres de la commission administrative de la Lyre moulinoise, auraient été heureux d’être appelés à donner leur avis sur l’emplacement du kiosque à musique. Suivant eux, l’emplacement choisi présente de nombreux inconvénients au point de vue de l’acoustique et des courants d’air. De plus, le choix de cet emplacement entraîne l’abatage de plusieurs arbres.
Les soussignés ont l’honneur de vous prier, M. le Maire, de vouloir bien faire procéder à une nouvelle enquête afin de désigner définitivement l’emplacement du kiosque. Veuillez agréer… »
Protestation inutile puisque le kiosque sera bel et bien élevé à l’endroit prévu. Les travaux sont réalisés par Monsieur Bergerolle pour la somme de 12 000 francs sous la direction de Monsieur Gannat, architecte-voyer. C’est un pavillon octogonal dont le plafond et l’auvent sont en planches de sapin très sonores. Il est pourvu d’une petite pièce en sous-sol où les chaises pour les spectateurs sont rangées en dehors des jours de concerts.
Malgré ses réticences, la Lyre moulinoise, dirigée par son chef, Marius Boulard, se produit le jour de l’inauguration, le 30 mai 1895, veille de la visite officielle du président de la république Félix Faure. La foule est considérable. Pendant l’entracte, on fête l’inauguration au café chinois à quelques pas de là où le champagne est offert par Monsieur Robiolio, propriétaire du café américain. Des ballons vénitiens décorent le kiosque.
On pense alors que le nouveau kiosque ne fera pas l’admiration des étrangers ni la gloire de Moulins. On trouve son apparence assez lourde et on s’étonne de le voir placé de travers sur la belle promenade des cours et pas dans l’axe du cours Choisy (actuel cours Jean-Jaurès).
Il sera détruit dans les années 1950.
Louis Delallier