Au printemps suivant son élection à la présidence de la République qui a eu lieu le 17 janvier 1895, Félix Faure fait une tournée en France.
Le 31 mai 1895, il est dans l’Allier où il se rend à Moulins, Vichy et dans quelques autres villes.
Pour qui a-t-on vraiment déployé tant d’efforts de réception ? Pour qui ces arcs-de-triomphe on-t-il été élevés, dont celui du rond-point de la coupole à Moulins après des semaines de préparation ? M. Gannat, architecte-voyer, a dû faire preuve de tous ses talents techniques pour corriger le défaut de perspective créé par le non alignement des deux parties du boulevard de Courtais. Pour qui cet autre arc en haut de la rue Régemortes ? Ces illuminations somptueuses de la place d’Allier ? A-t-on travaillé d’arrache-pied et dépensé tant d’argent pour un « clone » ?
En effet, l’Echo de Paris du 3 juin 1895 révèle quelques jours après son passage que le président se fait représenter par l’un ou l’autre de ses deux sosies admirablement ressemblants. Il aura fallu un mois de recherches à l’entourage du nouveau président pour dénicher deux hommes qui lui ressemblent comme deux gouttes d’eau. L’un est pharmacien à Lyon, l’autre huissier à Nantes. Des professeurs de maintien, de diction leur ont appris la démarche, l’accent, la façon de sourire et même les tics de Félix Faure. Ainsi ce dernier pouvait-il ménager ses forces de temps à autre en laissant voyager et saluer à sa place le pharmacien ou l’huissier.
Louis Delallier