Comme aujourd’hui, le temps est désagréable en ce premier mai 1947. Il fait même plutôt froid.
Il y a peu de circulation en ville, pas d’autobus. Les marchands de muguet proposent leur cueillette aux passants. La matinée s’annonce tranquille. Mais c’est sans compter sur l’impatience des ménagères qui exigent d’être servies au marché sans attendre que le poissonnier ait terminé de placer sa marchandise qui vient d’arriver. M. Rudler, secrétaire général de la préfecture, et des délégués de l’union locale des syndicats interviennent pour calmer l’agitation et faire mettre en vente une partie du poisson.
Et après le meeting traditionnel du 1er mai organisé par les syndicats à la salle du Pont-Ginguet à partir de 10 heures, la police doit imposer aux quelque 250 travailleurs indochinois qui tentent de se déplacer en cortège de retourner individuellement jusqu’à leur campement.
L’après-midi est consacré à la fête de la jeunesse. Au stade municipal, le public se masse. Et dans la tribune officielle bien garnie, on reconnaît MM. Rudler, secrétaire général de la préfecture, Gromolard maire de Moulins, Dussourd maire d’Yzeure, le colonel Couillaud directeur de l’atelier de chargement, Mme Martin conseillère municipale, Mme Bouguin représentant l’inspecteur du travail entre autres.
La première partie du spectacle est sportive. Les gymnastes de la Bourbonnaise évoluent sur la pelouse avant le relais olympique remporté par le FCM sur les équipes de l’École normale et du lycée notamment. Quatre combats de boxe voient la victoire des Moulinois dans les quatre catégories :
Poids mouche : Chabridon (Moulins) vainqueur de Rugela (Le Creusot) aux points
Mi-moyens : Grenier (Moulins) vainqueur de Seiffort (Le Creusot) aux points
Légers : Revol (Moulins) vainqueur de Kaduski (Le Creusot) aux points
Moyens : Pion (Moulins) vainqueur de Lanappe (Dijon) aux points.
La deuxième partie est artistique. Des artistes parisiens de qualité ont fait le déplacement jusqu’à Moulins dont la vedette de la radio Lina Margy. Ils interprètent les meilleurs numéros de music-hall de la saison et la lyre moulinoise, elle, joue son meilleur répertoire.
Louis Delallier