« De l’autre côté du pont » comme on dit familièrement à Moulins, il y a La Madeleine. C’est un quartier accueillant avec son Centre national du costume de scène dans le cadre exceptionnel du quartier Villars, son aire de camping-cars réputée et très fréquentée au bord de l’Allier.
Rares sont ses habitants à savoir qu’une maison hantée, route de Clermont, a fait frémir ses locataires. Elle avait des caves de plain-pied sur ses jardins et de l’une de ses pièces, aux dires de la presse, on pouvait apercevoir Vallières. Adèle Chassagnette, âgée d'environ 80 ans, et son petit-fils vivaient au rez-de-chaussée.
Le vendredi 2 octobre entre 5 et 6 heures le matin, des bruits forts, de plus en plus forts, provenant du mur les réveillent. Le couvercle du poêle tombe et les boîtes à café, poivre, sel, sucre posées sur la cheminée s’écrasent sur le sol. Les voisins, alertés, s’arment de révolvers et font le tour de la maison, examinent les caves sans détecter le moindre élément suspect. Ils recommencent dans la journée, toujours sans succès. Le lendemain, vers 5h 30, des bruits semblables ébranlent à nouveau la tranquillité du logement. Un autre locataire les entend aussi. Le dimanche matin, cette fois, tous les locataires sont témoins auditifs du phénomène. Ils font encore des recherches minutieuses en vain.
La nouvelle se répand jusqu’à Paris. Un journaliste du quotidien Le Journal fait même le déplacement pour enquêter sur place. A son arrivée, il peut voir les curieux qui sont venus à pied, à bicyclette, en voiture, observer la maison extraordinaire.
Le 6 octobre, son journal titre : « Un spirite procède à l’exorcisation rituelle d’une maison hantée ». En effet, il a été fait appel aux compétences d’un spirite du quartier qui installe un guéridon dans la cuisine de la locataire directement importunée. Il demande à opérer dans l’obscurité et sollicite la présence de quatre autres locataires aux côtés de l’occupante du logement. Il pense fortement à l’œuvre d’un esprit qui pourrait être celui du mari de la dame, décédé depuis une dizaine d’années. Trois minutes après que l’homme de l’art ait exigé de l’esprit qu’il se manifeste une dernière fois avant de disparaître définitivement, un coup très fort se produit contre le mur comme provoqué par un marteau. Le médium, qui est aussi représentant de commerce, affirme que ces manifestations clandestines sont terminées. Il semble qu’il ait eu raison car les bruits ont cessé depuis.
Aucune explication n’est trouvée. On se contente de vérifications et de suppositions. Le propriétaire fait contrôler les conduites de gaz. On parle de gaz retenus dans le sous-sol qui se seraient dégagés, de craquement de vieilles poutres, de « coups de bélier » dans les conduites d’eau, et même d’une mystification.
Louis Delallier