Joseph Hans meurt le 24 février 1911 à Moulins à 77 ans. Après avoir occupé les fonctions de directeur de l’ancienne école primaire de la rue de Paris, il enseignait encore l’allemand à l’institution du Sacré-Cœur. Originaire de Strasbourg, il avait su trouver sa place à Moulins et se faire apprécier de tous grâce à son dévouement pour l’enseignement et à son humanisme.
Il enseigne à l’école de la rue de Paris, puis à celle du Jeu-de-Paume. Il prend sa retraite en 1897.
On peut citer son engagement dans la société pour la propagation des connaissances utiles fondée à Moulins le 12 mars 1865. L’instruction n’est pas encore obligatoire et encore moins gratuite. Les premières leçons publiques de grammaire, comptabilité, géographie et géométrie industrielle ont lieu dès le 19 mars suivant. Le 15 octobre 1866, des cours pour adultes sont dispensés à l’école primaire de la rue de Paris dirigée alors par Joseph Hans. On compte 140 élèves le premier jour.
Près de vingt ans plus tard, la société organise des conférences à l’hôtel de ville avec des intervenants locaux ou venant de l’université de Clermont-Ferrand. La première conférence se tient le 17 décembre 1885 et la dernière le 18 mars 1911. La société est dissoute le 23 décembre 1912. Les fonds restants ont été remis au comité moulinois de l’Alliance française qui a toujours pour mission de faire rayonner la langue et la culture françaises dans le monde.
Les obsèques de Joseph Hans sont célébrées par l’abbé Douhet curé de la cathédrale le dimanche 26 février à midi. M. Crépin-Leblond prononce un discours au cimetière au nom de ses amis et de ses élèves venus en nombre.
L’attachement au disparu est bien réel car une souscription est lancée, du 11 au 31 mars, pour ériger un monument sur sa tombe. Messieurs Brunet, instituteur à Meillard, Chavet publiciste, Crépin-Leblond directeur du Courrier de l’Allier, Joly menuisier, Leutrat ancien sous-caissier à la Caisse d’épargne, Pinston, négociant et juge au tribunal de commerce, Renard secrétaire en chef de la mairie et Vidard, négociant et conseiller municipal sont désignés pour recevoir les fonds. La ville de Moulins procède, elle, à une collecte au domicile des anciens élèves.
Le mardi 31 octobre 1911, la tombe reçoit le monument souhaité. Il est en pierre des carrières de Villebois dans l’Isère. René Moreau, architecte, a dessiné cet hommage des amis et anciens élèves de Joseph Hans. Il ne reste qu’à le parfaire avec un médaillon, en cours de création, représentant le visage de l’instituteur.
Le sculpteur est Jean Baffier (1851-1920), un voisin puisqu’il est natif de Neuvy-le-Barrois près de Sancoins. C’est un personnage également, mais pas pour les mêmes raisons. Tailleur de pierres sur le chantier de restauration de la cathédrale de Nevers, il choisit l’art pour s’exprimer. Sa carrière se développe à Bourges, Nevers et Paris. Il laisse une centaine de sculptures, médaillons, bustes et statues. On le dit partisan du régionalisme, portraitiste sensible et observateur des scènes rurales. Il marque ses contemporains par quelques originalités comme défiler dans Paris au son de la vielle et de la cornemuse en 1889, organiser de grandes fêtes des moissons ou du pain dans des villes du Berry. C’est une façon plus apaisée de continuer la lutte après avoir tenté de tuer Germain Casse, député, d'un coup de canne à épée, au Palais Bourbon, le 9 décembre 1886 pour protester contre la corruption de la IIIème République.
Le 14 avril 1912, l’œuvre est complétée avec l’ajout du médaillon par la maison Moretti.
Louis Delallier