Ce samedi 7 janvier 1899 aurait pu être une belle journée pour Auguste et Catherine. Ils se sont mariés le matin et comptent bien faire la fête avec leurs parents. Après déjeuner, ils passent leur après-midi au bar des Amis, rue de Pont. La nuit tombe et les jeunes époux accompagnés de leur garçon d’honneur, Maurice, frère de monsieur, sortent dans la rue. L’alcool ingurgité fait son effet et les voilà qui s’en prennent aux passants verbalement, puis à coups de poing et de pied. Cinq personnes sont ainsi agressées dont un surveillant de l’internat du lycée Banville. Comme ça n’est pas suffisant, un apprenti de la pâtisserie Vélard, rue d’Allier, a la mauvaise idée de regarder le spectacle, une galette des rois dans les mains. Auguste envoie promener le gâteau pendant que Maurice, d’un coup de pied, fait tomber le jeune pâtissier.
De nombreux témoins se sont approchés sans réagir car les frères sont enragés. La jeune mariée encourage son époux : « Va, mon Loulou, ne te laisse pas faire, cogne dans le tas »…
La police, appelée à la rescousse, fait fuir les trois protagonistes à toute vitesse. Pendant plus d’une heure, ils échappent aux policiers qui parviennent quand même à les arrêter pour les emmener séance tenante au poste. La nuit de noces sera une nuit de dégrisement dans des cellules séparées. Le lendemain, ils sont libérés, mais savent qu’il leur faudra aller s’expliquer devant le tribunal de simple police.
Cela ne les effraye pas plus que ça, habitués qu’ils sont des esclandres divers. Les nouveaux époux ont, chacun, bien des choses à se reprocher. A la fin du mois, madame déclare la guerre à monsieur et se retrouve à la Mal-Coiffée pour menaces avec un poignard. Pas moins !
Louis Delallier