Certains ont trouvé que la fête était pâlichonne cette année-là. Pourtant, rien ne semble avoir manqué.
Pour commencer, le mercredi 13, malgré la fraîcheur et un ciel chargé, on a pu s’en donner à cœur joie avant et pendant la retraite aux flambeaux. L’heure de départ est fixée à 20h 30. En attendant, des petits malins font exploser des sortes de pétards qui font un bruit assourdissant, juste pour mettre de l’ambiance ! Enfin, la Marseillaise et plusieurs sonneries retentissent et on se met en marche en compagnie des tambours et les clairons des sapeurs-pompiers, les trompettes du 10e et trompes de chasse du train qui ont été ovationnées, la Lyre moulinoise, l’Indépendante, les clairons de la Bourbonnaise et des Francs-tireurs :
Place de l’hôtel-de-ville, rue François-Péron, rue de Paris, cours de la préfecture, cours Choisy, cours du théâtre, rues Bréchimbault, de Wagram, de Pont, place d’Allier, rues Blaise-Pascal, Régemortes, Félix-Mathé, du Pont-Ginguet, place d’Allier, rues d’Allier, de l’horloge et retour place de l’hôtel-de-ville éclairée comme en plein jour grâce à la rampe de gaz de la mairie.
Le défilé est tout illuminé de lanternes vénitiennes, d’un ballon multicolore, et de deux haies de flambeaux en verre. Il est aussi perturbé par les mêmes éclatements intempestifs que précédemment.
On remarque que la foule énorme a remplacé les affreux braillements traditionnels semble-t-il par des cris et des chants. Cela permet de mieux noter la confusion musicale. Place d’Allier devant chez Bruel et Ville, la Lyre rejoue la Marseillaise. Place de l’hôtel de ville, on crie vive la République ! vive l’armée ! vive Jacquemart ! à 22 heures, il n’y a plus personne. Les bars ont l’autorisation de rester ouverts toute la nuit.
Le jeudi 14 juillet à 9 heures, le bureau de bienfaisance distribue aux indigents du pain et de la viande. Pendant ce temps, la revue militaire se déroule allée des Gâteaux (avenue Charles de Gaulle actuelle) sous un soleil assez peu estival. Les autorités sont presque au complet.
Les sapeurs-pompiers, la gendarmerie, le train des équipages, les chasseurs sont bien alignés au moment où arrive le général Bousson entouré de son état-major. Il se déplace martial et à cheval devant ses troupes.
Mais, à la faveur d’une importante bousculade, un homme de très petite taille parvient jusqu’à la pelouse. Il se dirige sans hésiter vers le général qui, connaissant Riondet, prépare une pièce qu’il lui remet juste avant que le sous-brigadier Michelon fasse passer son chemin au quémandeur, lequel est ravi de la publicité qui lui a été faite. Il sait que la journée sera bonne. Le général s’amuse de l’incident autant que les curieux venus en grand nombre admirer les soldats. Ensuite, le général met pied à terre pour décorer M. Durel, sous-intendant militaire, de la croix de chevalier de la Légion d’honneur et l’adjudant Chaix du 121e régiment de ligne en garnison à Montluçon de la médaille militaire. Le défilé des troupes peut commencer au son d’une marche enthousiaste jouée par les trompettes du 10e.
Les festivités durent toute la journée.
À 13h 30, place Achille-Roche, mât de cocagne : 1er prix une montre à remontoir, 2ème prix un saucisson de Lyon et 3ème prix un foulard.
À 14heures, place de la Liberté, courses aux grenouilles : 1er prix une pipe en écume, 2ème prix un jambon, 3ème prix un pâté.
À 15 heures, place de la république, jeux de ciseaux : 1er prix un dé en argent, 2ème prix une paire de ciseaux, 3ème prix un nécessaire à couture.
À 15h 30, place du Jeu-de-Paume, Polichinelle : 1er prix une timbale, 2ème prix deux poulets, 3ème prix une blague à tabac garnie.
À 16 heures, place d’Allier, Carrousel aérien : 1er prix un couvert en ruolz (alliage de cuivre, nickel et argent), 2ème prix un porte-cigarettes, 3ème prix un canard.
À 16h 30, place aux foires, le tourniquet : 1er prix une chaîne de montre, 2ème prix une canne à pêche, 3ème prix une cravate avec épingle.
À 17h, cours de Bercy, courses en bicyclettes :
1ère course et 2ème course : 1er prix 15 francs, 2ème prix 10 francs
3ème course 1er prix 20 francs, 2ème prix 15 francs.
Le parcours passe par le cours de Bercy, le rond-point, la levée jusqu’à la rue des Gâteaux (actuelle rue Jean-Baron) qui est remontée jusqu’à la rue de Paris, suivie jusqu’au cours de Bercy, arrivée au rond-point.
Le feu d’artifice est tiré en amont du pont Régemortes à 20h 30. Il est suivi, à 21h 30, d’un concert de la Lyre moulinoise au kiosque de la préfecture. A la nuit tombée, on peut profiter des illuminations des promenades, des places publiques et des édifices communaux.
Louis Delallier