Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Un poissonnier, des ménagères et un secrétaire général de préfecture

Publié le 7 Juillet 2016 par Louisdelallier in Faits divers, Commerce

Le 1er mai 1947 commence mal pour monsieur Pellé, le poissonnier moulinois bien connu. Il a pourtant réussi à obtenir la livraison d’une très importante quantité de poisson de mer frais (on dit quatre tonnes) qui devait être acheminée par train à Paris. Installé à s’occuper de sa marchandise sous le marché couvert, il est pris à parti par une centaine de ménagères, mécontentes d’attendre la mise en vente qui n’arrive pas.

Pellé (c’est ainsi qu’on l’appelle familièrement) tente d’expliquer qu’il ne pourra pas vendre avant l’après-midi compte tenu du temps qui lui est nécessaire pour préparer la répartition du poisson entre les poissonniers moulinois, le laver et le mettre dans la glace pour bien le conserver. Il ajoute qu’avec les 300 000 francs investis dans cet achat il doit absolument rentrer dans ses frais.

Les ménagères insistent pour qu’il ouvre au moins trois ou quatre caisses. Mais le marchand ne l’entend pas ainsi. Le poisson étant mélangé, il lui faut le trier. Le ton monte, on l’accuse de mauvaise volonté. Il se récrie que c’était bien la peine d’arrêter un wagon pour se faire « engueuler ». Des délégués de l’Union locale des syndicats tentent une entremise. Pellé ne cède pas.

Monsieur Rudler, le secrétaire général de la préfecture en personne, appelé à la rescousse, arrive au marché. Il lui faudra un quart d’heure de pourparlers pour parvenir à une entente.

Pellé consent à ouvrir trois ou quatre caisses dont il met le contenu en vente. Il a du mal à cacher sa colère en constatant que seule une vingtaine des ménagères exigeantes achètent son poisson. Certaines vont jusqu’à dire que ce n’est pas ce poisson-là qu’elles veulent ! Pellé rappelle que le service du ravitaillement met un mois pour distribuer les rations de café ou de macaronis et que personne ne dit rien alors que quand, lui, met un jour pour vendre son poisson, tout le monde lui tombe dessus. Essayez-donc de rendre service !

Louis Delallier

Commenter cet article