Au début du mois d’avril, la municipalité ne peut plus reculer devant les réparations qui s’imposent. Jacquemart défaille et de plus en plus. Le 23 avril, il sonne environ 200 fois à 6h 30 du matin. Le conseil municipal accepte le devis de la maison Château de Paris (15 000 francs) établi après examen de l’un de ses spécialistes. L’éclairage des cadrans sera amélioré en même temps. Comme il faut compter de deux à trois mois de travaux, il est décidé de remplacer la sonnerie de Jacquemart par la sirène de l’église Saint-Pierre à 6 heures, midi et 18 heures.
Le mercredi 6 mai, le mécanisme de Jacquemart démonté et emballé avec précaution part pour Paris. Le 7 septembre, la maison Château assure au maire, par écrit, que les ouvriers ne quittent plus l’horloge et qu’elle pourra être remise en place à la fin du mois.
Enfin, le 5 octobre, les pièces arrivent en gare et sont transportées à la mairie où elles attendent la venue d’un technicien pour le remontage qui commence le 9 et dure plusieurs jours. Dans le même temps, le maire informe les horlogers de la ville intéressés par l’entretien de Jacquemart que le cahier des charges est consultable à la mairie et qu’ils doivent adresser leurs offres cachetées avant le 13 octobre à 15 heures. L’examen des propositions a lieu à 17 heures le même jour. L’entretien de Jacquemart revient à M. Guichard, horloger rue de Wagram.
Jacquemart ne pouvait pas retentir à nouveau sans une cérémonie dans les règles. La municipalité et le comité des fêtes, présidé par Monsieur Loizel, se mettent d’accord pour célébrer LE beffroi moulinois et remercier les sociétés lauréates des concours de l’année, ensemble.
Le dimanche 18 octobre vers 13 heures, la place de la gare, qui est comme très souvent le lieu de rendez-vous, se remplit des membres des associations sportives, musicales et celles des anciens fantassins, artilleurs, cuirassiers, marins et marsouins, chasseurs à pied et alpins etc.
Une demi-heure plus tard, tous défilent par l’avenue de la gare, l’avenue Théodore-de-Banville, les rues Bréchimbault, de Wagram, de Pont, la place d’Allier, les rues d’Allier, de l’Horloge pour s’arrêter place de l’hôtel-de-ville. On reconnaît, placés dans un ordre précis, l’Echo moulinois, l’association des mutilés et combattants, les sociétés de secours mutuels, de tir et de sports, la fanfare d’Yzeure, sur une automobile la maquette de Jacquemart exécutée par Paul Herblay (auteur de nombreux autres chars pour la fête des fleurs notamment), la société de gymnastique L’Hirondelle, le Rallye bourbonnais, la Chorale moulinoise, La Bourbonnaise, La Lyre moulinoise.
À 14h 15, devant tout son conseil municipal, René Boudet, maire, reçoit les sociétés sur la place et rappelle leurs brillants succès au cours des mois passés :
Musique
-Classement en 2ème division avec félicitations du jury pour le Rallye bourbonnais dirigé par M. Cimetière
-1er prix de lecture à vue, 1er prix d’exécution pour la Chorale moulinoise dirigée par Marius Boulard et récompenses individuelles à MM Trollaud et Laffond solistes, au quatuor Despérier et à M. Got
-1er prix ascendant, 1er prix d’exécution avec félicitations spéciales au directeur M. André pour la Lyre moulinoise et prix individuels à MM Bernet, Bouquet, Cabraber, Delgauffre - le maire note que M. André a déjà composé 179 morceaux.
-La Fanfare d’Yzeure dirigée par M. Chaumat ?
Gymnastique
-Prix d’honneur au concours de Clermont-Ferrand pour l’Hirondelle dirigée par M. et Mme Pelat
-Prix d’excellence au concours de Vichy pour La Bourbonnaise dirigée par M. Gouby.
Le maire promet que l’examen de l’aménagement d’un parc des sports par le conseil municipal ne saurait tarder. Pendant la remise de gerbes à chacune des sociétés, la Chorale de Moulins interprète Rouet d’hier et d’aujourd’hui.
À 14h 30, voici enfin le moment tant attendu, Jacquemart sonne trois fois pour son premier essai de convalescent. Les Moulinois et toutes les personnes de passage en ville pourront à nouveau mesurer le temps grâce à Jacquemart. Le Rallye bourbonnais, grimpé sur la terrasse de la tour, joue un air de chasse. La Lyre moulinoise lui succède avec plusieurs morceaux, mais au pied de l’horloge.
Trois quarts d'heure plus tard, le cortège part de la place l’hôtel de ville par les rue François-Péron, de Paris et le cours Anatole France. La Lyre s’installe sur le kiosque à musique pour de nouveaux airs à destination de la foule qui n’a pas manqué d’assister à toutes les étapes de la fête. Les sociétés de gymnastique La Bourbonnaise et L’Hirondelle, L’Echo moulinois et le Rallye bourbonnais intercalent leurs interventions avec brio avant de laisser la place à La Lyre moulinoise qui clôt le spectacle.
Tout au long de la journée, l’heure sera admirablement sonnée par Jacquemart père, seul à fonctionner. Le maire a assuré qu’il demanderait des crédits pour la mère et les deux enfants.
Louis Delallier