Le véloce club auvergnat de Clermont-Ferrand, V.C.A., organise une originale course de relais cycliste entre Clermont et Moulins.
Le départ a lieu place de Jaude à 8h 15. Monsieur Loubières, membre du club, représentant le président empêché, remet à Fernand Ladoux*, membre individuel de l’U.V.F., Union vélocipédique de France, une lettre cachetée pour le président de la Société vélocipédique de Moulins.
À 8h 55, la lettre arrive à Riom transportée en vélo par Fernand Ladoux. Elle en repart aussitôt avec Marius Honzon, membre du Véloce club clermontois jusqu’au Cheix-sur-Morge à 10 km de là.
À 9h 20, Monsieur Bultel, vélocipédiste indépendant, démarre du Cheix pour Aigueperse où il arrive à 9 h 36.
D’Aigueperse au Mayet-d’École, Louis Dolly, trésorier du V.C.A., met 40 minutes, et gagne 5 minutes malgré le mauvais état de la route détrempée par la pluie de la veille.
Il transmet la dépêche à F. Jouzet qui roule du Mayet-d’École à Saint-Pourçain-sur-Sioule (17 km) en 30 minutes (arrivée à 10h 46).
E. Pierre, consul de l’U.V.F à Clermont, parti de Clermont par le train de 7h 25 (50 minutes avant les coureurs) arrive à Saint-Pourçain pour voir partir F. Jouzet qu’il rejoint à Saint-Loup.
La lettre est remise à 11h 07 à monsieur Grampayre de la Société vélocipédique de Moulins, lequel atteint Moulins à 12h 15 avec seulement 2 minutes de retard sur les prévisions. La route boueuse de Saint-Loup à Moulins, et un fort vent du nord-ouest ont nécessité des efforts supplémentaires pour tenir le temps.
Après 10 minutes d’arrêt à Moulins pour lire la dépêche et écrire la réponse, la course reprend. Cette fois, c’est Bernard Sérardy, chocolatier moulinois créateur des palets d’or, accompagné du jeune champion moulinois Brirot, qui joue le convoyeur. Les deux hommes parcourent les vingt premiers kilomètres en 45 minutes. Il est 13h 19. Là, les attendent E. Pierre et F. Jouzet qui leur « emboîtent la roue » jusqu’à Saint-Loup où E. Pierre prend la missive en charge à 13h 33 et continue en compagnie de F. Jouzet. Arrivée à Saint-Pourçain à 14h 01. Le vent a tourné et souffle du sud-sud-ouest depuis Chazeuil.
Arrivé au Mayet à 14h 43, E. Pierre repart avec Louis Dolly et de monsieur Degré, membre de la Pédale gannatoise.
La lettre arrive à Aigueperse à 15h 41. E. Pierre continue avec monsieur Bultel et l’un de ses amis jusqu’au Cheix où il remet la dépêche à 16h 07 à Marius Honzon qui rejoint Riom à 16h 40. Fernand Ladoux prend possession de la lettre et achève le parcours avec deux « vélocemen » indépendants. Le café lyonnais de Clermont est atteint à 17h 29.
Les coureurs ont ainsi parcouru 204 km en 9 heures 14 minutes auxquelles il faut retirer 10 minutes utilisées pour la rédaction de la réponse et la réparation d’un incident sur l’une des bicyclettes. La vitesse, arrêts compris, est de 21 km 708/h. Ces résultats sont conformes aux attentes du club qui étaient de 9 heures 30.
L’épreuve se termine par un banquet bien mérité pour les plus courageux des participants.
Il faut ajouter à cette relation le vol de la bicyclette de monsieur Bultel. Celui-ci, entré dans un café de l’avenue de la république pour se désaltérer en compagnie d’autres cyclistes, n’a pas retrouvé son engin à la sortie (vélo équipé de pneumatiques Michelin, roues de 65 et 70 millimètres, cadre Perry aux tubes raccourcis). Plainte a aussitôt été déposée. Monsieur Bultel travaille chez Michelin.
A noter, dans sa lettre, le V.C.A présentait ses respectueuses salutations. La réponse de la S.V.M est la suivante :
« Monsieur le secrétaire du V.C.A.,
Monsieur Grampayre arrivant à midi ¼ nous remet votre aimable lettre ; il repart à midi 23, emportant tous nos vœux pour la réussite de votre entreprise en même temps que nos sincères et fraternelles salutations ;
Pour le président de la S.V.M.,
Raynaud »
* Fernand Ladoux (1865-1941) est l’homme qui a, le premier, grimpé le Puy-de-Dôme à vélo. Il a en un temps record de deux heures 9 minutes, aller-retour, parcouru le chemin depuis Clermont-Ferrand en passant par le col de Ceyssat, puis le chemin des muletiers. Sa bicyclette, à pignon fixe, pesait 21,5 kg et avait des roues à bandage. Photographe amateur, il a pris des vues stéréoscopiques en couleurs de l’Auvergne qu’il parcourait aussi en automobile.
Louis Delallier