La ville de Moulins a mis en place un service dirigé par Jean-Louis Gannat, architecte-voyer municipal. Il s’agit d’ateliers communaux de charité, d’assistance par le travail destinés à venir en aide à ceux que la mauvaise saison oblige à un chômage souvent durable. Une délibération du conseil départemental du Puy-de-Dôme de 1893 mentionne, comme une référence, le « petit génie » moulinois qui permet de lutter contre le vagabondage et la mendicité en employant à nettoyer la ville tout vagabond qui se présente.
En cet hiver 1894/95, le « petit génie » compte environ 300 hommes. Ils sont notamment occupés à casser la glace des ruisseaux, à sabler les rues ou à charger dans des tombereaux les tas de neige amoncelés le long des trottoirs.
Un roulement de 150 permet de les faire travailler deux fois par mois. Mais, leur nombre augmentant, il a fallu passer le tour à trois semaines. Tous les samedis à 13 heures, la cour de l’hôtel de ville se remplit des ouvriers qui viennent se faire embaucher au service de la voirie pour le lundi suivant. L’attente est assez longue et certains en profitent pour faire des remarques qui sont toujours prises en note pour examiner la suite à leur donner. Le gros de la troupe est constitué d’hommes âgés qui ne peuvent plus travailler ailleurs et de quelques jeunes dont la candidature a été acceptée parce qu’ils sont chargés de famille. Ils sont tous d’excellente moralité assure-t-on.
La journée de travail commence à 7h 30 devant le théâtre où l’appel est fait et où un sous-chef de service transmet les ordres pour la journée qui se termine à 16 heures. Les équipes formées sont réparties en ville et sont sous l’autorité d’un surveillant. Le salaire est versé le samedi à la mairie.
Moulins-Revue a gentiment mis en scène le Petit génie dans l’un de ses spectacles. Mais d’autres ont contesté ce service, s’en sont moqué. Pourtant, son utilité est avérée car on fait appel à lui toute l‘année pour entretenir les rues, intervenir en cas d’intempéries, décorer la ville les jours de fête etc. Et il permet à des familles de survivre en attendant de meilleurs jours
Louis Delallier