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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Léon Thivrier et son chien

Publié le 10 Novembre 2024 par Louisdelallier in Guerre 14-18, Portraits

Léon Thivrier (source Maitron.fr)

Léon Thivrier (source Maitron.fr)

Le Courrier de l’Allier du 24 avril 1916 annonce qu’un « toutou » vient d’être réformé car devenu sourd à la suite de l’explosion d’un obus. Ce chien bourbonnais est de retour à Commentry accompagné d’un livret militaire regroupant des attestations élogieuses sur son courage, sa vigilance et les services rendus. Il appartient à Léon Thivrier, député de l’Allier alors très actif, et médecin-major. Il a tenu à participer à l’effort de guerre en donnant un chien destiné à grossir l’effectif déjà important (plus de 500) de ces animaux fournis par la Société centrale pour l’amélioration des races de chiens en France.

Plusieurs journaux régionaux y vont de leur entrefilet (dont l’Excelsior, la Dépêche de Brest et le Petit Provençal) avec une mention spéciale pour le Courrier de Saône-et-Loire du 21 juin 1916. Il rapporte avec ironie que la censure militaire a autorisé la diffusion de cette information où certains de ses confrères ont oublié la virgule :

Le chien de M. Thivrier, député, servant au front n’a pas le même sens que Le chien de M. Thivrier, député servant au front !

 

Louis Delallier

 

Voir aussi mon article sur les chiens de guerre 1914-1918 et « Nos chiens sur le front » d'Adolphe Lasnier, illustré par Paul Malher paru en 1915 et disponible à la lecture sur le site de la BNF.

 

*Léon Thivrier (Commentry 17 avril 1871 - Paris 31 décembre 1920) est le fils de Christophe Thivrier**. Médecin depuis 1898, militant au parti socialiste révolutionnaire, puis à la SFIO qu’il organise dans l’Allier, il est élu conseiller général du canton de Commentry de 1901 à 1919 et député de l’Allier du 27 avril 1902 au 7 décembre 1919. Il prononce le 25 février 1914 le plus long discours de sa vie parlementaire contre la loi militaire des trois ans (édité par sa fédération sous le titre Soldats de vingt ans). Il aura mené de nombreuses autres luttes pour l’amélioration des conditions de travail et de retraite des mineurs, des ardoisiers et des travailleurs des mines métalliques, pour la suppression des armées permanentes et des impôts indirects au profit de l'impôt direct sur les revenus, pour la journée de huit heures, le salaire minimum, les libertés syndicales notamment. A la Chambre des députés, il est membre des commissions d'assurance et de prévoyance, des mines, des affaires extérieures, des protectorats et des colonies. Il est aussi rédacteur au Tocsin populaire et collabore au Combat social dont son beau-frère, Ernest Montusès, est rédacteur en chef.

En août 1914, il rejoint le corps de santé installé au collège Michel-de-L’Hospital de Riom en qualité de médecin-major. En 1919, la maladie l’éloigne de ses fonctions électives avant même la fin de son mandat.

 

**Christophe Thivrier, élu maire de Commentry en 1882, devient ainsi le premier maire socialiste au monde avant d’accéder à la députation en 1889 sous l’étiquette du parti ouvrier. Mineur jusqu’à ses 28 ans, il siège vêtu de la blouse bleue des ouvriers bourbonnais, fidèle à la promesse faite aux mineurs de Bézenet. Cela lui vaudra le surnom de « député en blouse ». Il est aussi le père d’Alphonse (1869-1936), qui poursuit la vente de vin en gros et de distillerie familiale et qui fut maire de Commentry de 1919 à 1936, et d’Isidore (1874-1944), député de l’Allier entre 1924 et 1942, conseiller général de 1919 à 1940, qui succède à son frère comme maire de Commentry de 1936 à 1943. Il fait partie avec Marx Dormoy et Eugène Jardon des quatre-vingts parlementaires ayant voté contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Entré au réseau Marco-Polo, il fait de sa propriété un centre de rencontre entre agents de liaisons, de réception de courriers, de missions parachutées et d’une station d’émissions. Sur dénonciation, il est arrêté par la Gestapo en gare de Vierzon le 4 mars 1943 et enfermé au camp de concentration du Struthof où il décède le 5 mai 1944.

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