Avant la Seconde guerre mondiale, le train s’impose pour mieux faire circuler dans le pays des expositions attrayantes à caractère pédagogique, économique ou commémoratif. Le public est invité à se rendre sur les quais afin de bénéficier des informations qui lui sont proposées avec un minimum de déplacement.
Au début de l’année 1933, le gouvernement a la ferme intention de lutter contre les effets de la crise ; c’est ainsi que, sous le haut patronage du ministère du commerce, le Moniteur officiel du commerce et de l’industrie envoie à travers la France plusieurs trains-expositions. Le premier quitte la gare de Paris-Austerlitz le 27 janvier. Le composent 14 grandes voitures de la compagnie internationale des wagons-lits spécialement aménagés en stands, d’une longueur totale de 420 mètres. Ce train parcourt 3 730 km dans le Midi pour permettre aux habitants de 60 villes de profiter de 100 journées d’exposition.
Le deuxième train part le 15 mai 1933 sur le réseau du Nord pour 1 714 km et 60 journées d’exposition dans 62 villes. Le troisième part le 14 août, sur les réseaux de l’Est et celui de l’Alsace et Lorraine pour 2 177 km, 64 villes et 86 journées d‘exposition. Le 15 mars 1934, un quatrième train part pour 89 nouvelles journées d’exposition dans 64 villes du centre. On estime le nombre de visiteurs à près de 800 000 personnes. Il est remarquable qu’un tel effort de promotion remporte un aussi grand succès.
Le cinquième train-exposition est inauguré par le ministre du commerce, Lucien Lamoureux, guidé par André Baudet, ancien président de la chambre de commerce et d’industrie de Paris et ancien président du conseil d’administration de la société éditrice du Moniteur officiel du commerce et de l’industrie. Chaque exposant doit s’acquitter d’une location de 3 000 francs le mètre carré.
La gare de Moulins n’accueille pas l’exposition comme c’est le cas habituellement. Cette fois, le convoi gris et argent, de 420 mètres de long, stationne le long du quai des Épinettes, parallèle à la rue Jacquard à Yzeure. Il vient de Commentry. On a adapté 18 wagons-restaurants pour y recevoir 3 ou 4 stands et un fourgon transporte le groupe électrogène. Ce mercredi 28 mars 1934, on compte déjà 850 entrées payantes à 16 heures. On compte sur le bouche à oreille pour en obtenir davantage le lendemain. L’éloignement du centre-ville est atténué par la mise en place d’un service d’autocars assurant la liaison depuis la place d’Allier et la gare.
Les personnalités moulinoises sont reçues par monsieur Guillemin, chef de train : messieurs Fournier, président et Charpy trésorier de la chambre de commerce de Moulins-Lapalisse, Génermont président du Syndicat d’initiatives bourbonnais, Dagois vice-président et R. Boyer, messieurs Marion de l’association commerciale et industrielle, P. Galland, Fourtain, juge au tribunal de commerce, etc.
Les stands sont variés et très attractifs :
- Propagande coloniale dont le café de Madagascar, le riz d’Indochine dans une présentation soignée
- Réchaud Mirus à gaz d’essence à allumage instantané
- La Petite Bretonne, stand bien garni de saucissons et d’andouilles
- Le nougat de Chabert et Guillot de Montélimar
- Vins des pays de Loire comme du Vouvray hors classe de la firme Guiraud de Tours dont la devise est « Vivons bien et mourons gras »
- Vallet et Cie, 28 rue de Trémoille à Paris, représentant des produits normands avec une femme à coiffe pour faire plus vrai
- Produits de beauté Gaby de Nice, véritable gamme d’essence de fleurs
- Vin Banyuls de la maison Dauré de Perpignan
- Librairie Larousse
- La Préservatrice, société d’assurance qui assure le train contre les accidents
- Maison Milhaud et Rosa d’Aix-en-Provence spécialisée dans les amandes
- Maison Eysséric de Carpentras, créatrice du berlingot
- Établissements Tito Landi de Paris, appareils à essence sans pompe ni pression
- Société Nord et Alpes, meubles métalliques laqués
- Prestus et ses réchauds à essence
- Comptoir du cognac Château Paulet, propriété de monsieur Lacroux de Jarnac
- Laines du Chat botté des filatures Alfred Motte et frères
- Groupe des Urbaines, assurances
- Electrolux qui occupe un wagon entier
- Liqueur Minor, médaille d’or au salon de la qualité française
- Chocolat Tobler et ses créations
- « Le matériel téléphonique » avec Edmond Michel et Jean Levet, agents à Moulins qui ont assuré la sonorisation du train
- La Salamandre, appareils de chauffage électriques ou à anthracite
- Coin du camping avec la maison Kiss-ply : canoës, tables pliantes, mallettes de pique-nique, etc.
- Maison Duvant de Valenciennes dont l’un des moteurs Diesel fournit l’énergie électrique nécessaire à l’éclairage et au chauffage du train
Louis Delallier