De bon matin en ce lundi de Pentecôte 1928, les « chevaliers de la gaule » sont arrivés place d’Allier. Il est 6h 30, quand les quelque 450 concurrents dont 53 enfants et 46 femmes, prennent le chemin de la gare aux bateaux, matériel à l’épaule. Les clairons et tambours de la Lyre les précèdent. On imagine le tintamarre retentissant dans les rues à une heure aussi matinale.
Après le tirage au sort pour désigner la place de chacun, le coup de révolver de 7h 30 annonce le début du concours annuel de la société des Chevaliers de la gaule. Déjà, les eaux claires et basses laissent présager que la pêche sera difficile car le poisson s’y aventure moins. Pendant les deux heures très ensoleillées que dure l’épreuve, on relève quelques désagréments comme une casquette et une jupe prises par un hameçon voisin, une carpe qui s’accroche dans les herbes et qui casse le bas d’une ligne, etc. Ça aura créé l’animation qui manque à la pêche elle-même.
En effet, le résultat est bien maigre (pas plus d’1,5 kilo). Le prix du plus gros poisson revient à M. Bertrand pour deux tanches de 160 grammes en tout. M. Roumiaux devient champion de la matinée avec quatre gardons pesant au total 190 grammes… Le jeune Masdebail est lauréat des enfants et madame Pinel est la meilleure des femmes engagées, avec chacun deux ablettes. Finalement, seulement une trentaine de personnes aura pêché quelque chose (minuscules carpes, rares poissons-chats, ablettes, perches arc-en-ciel, un vairon de quatre grammes et deux épinoches de six grammes à elles deux.
A 16 heures, le président de la société de pêche, M. Mauve remet les récompenses auxquelles s’ajoutent la médaille d’honneur à monsieur Naturel, garde de la société et un pliant au doyen, monsieur Abavid, pour les longues attentes à venir au bord de l’eau.
La journée se poursuit auprès des baraques foraines et par un dîner sur l’herbe partagé par la plupart des sociétaires présents le matin.
Louis Delallier