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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

L’incroyable troupe de Buffalo Bill à Moulins en 1905

Publié le 28 Avril 2017 par Louisdelallier in Spectacles, Hippisme

L’incroyable troupe de Buffalo Bill à Moulins en 1905

La très réputée troupe de Buffalo Bill a inscrit Moulins, pour la première fois, dans la liste de ses démonstrations en Europe. Le vendredi 18 août 1905 sera un grand jour pour les amateurs de spectacles à sensation.

«Buffalo Bill’s wild west and Congress of The Rough Riders of the World» est dirigé par le colonel William Frederick Cody dit Buffalo Bill (1846-1917). L’homme a beaucoup fait parler de lui dans la conquête de l‘ouest américain. Sa présence dans nos murs ne peut être qu’un évènement extraordinaire.

Il communique avec emphase sur son spectacle itinérant :

« Sans bluff, sa dernière tournée en France »

« Ils ne reviendront jamais ! Ne manquez pas cette dernière occasion »

« Exhibition sans rivale qui défie toute imitation »

« La seule de mon genre, la première, l’unique, l’universelle »

« Le grand évènement équestre des temps modernes »

« Un merveilleux carrousel des plus hardis cavaliers du monde »

« Les gloires de l’équitation rivalisant en des exercices d’adresse et de témérité ».

Comment ne pas s’émerveiller à l’avance !

 

Dès le samedi 29 avril, Edward Mitchell, représentant de la compagnie se rend à Moulins pour engager des pourparlers avec la personne qui possède les terrains de l’hippodrome en fermage. Il lui faut aussi rencontrer le maire de Moulins, Joseph Sorrel, qui exige le reversement de 3% de la recette pour le droit des pauvres en application de la règlementation.

Buffalo Bill devant faire au moins 70 000 francs de recette pour couvrir ses frais, cela équivaudrait à une taxe d’au moins 2 100 francs. Et il ne veut verser que 500 francs. La commission administrative du bureau de bienfaisance, réunie le 2 mai après-midi, accepte la proposition de 500 francs. Elle veut éviter que le représentant ne se tourne vers la municipalité de Bressolles qui risquerait de lui souffler un spectacle hors du commun, porteur de profit pour les commerces locaux.

Il convient de préciser que la troupe comprend quelque 800 personnes (Japonais, Japonaises, Russes, Anglais, Français, Américains, Italiens, Peaux-Rouges, Chinois, Chinoises, Mexicains, Hongrois) et 500 chevaux qu’il faut nourrir. Les achats, toujours effectués sur place, s’élèvent à environ 10 000 francs par jour. Le réfectoire ambulant, avec ses tables nappées et décorées de plantes, peut accueillir 560 personnes en même temps. Un menu commun est servi à tous quel que soit leur rôle : beefsteak, pommes de terre, œufs, crêpes, gâteaux, confiture. Les rations ne sont pas limitées. Le café, le thé et l’eau sont les seules boissons autorisées. Pour les trois repas quotidiens, sont consommés environ 600 kg de viande, 400 kg de pommes de terre, 500 kg de pain, 300 litres de lait, 75 kg de café. Trois bouchers, dix cuisiniers, huit aides, trente-six garçons de salle, douze plongeurs et dix surveillants sont à la manœuvre à chaque fois.

Les affiches apparaissent en ville à partir du vendredi 4 août au matin. Pendant les deux semaines d’attente, il est possible d’acheter ses places au magasin Kimpel, pianos et musique, 18 place de l’Hôtel-de-ville : 1,50 franc ou 2,50 francs (Places assises), 4 et 5 francs (Places réservées) - 8 francs (Loges par place). Les places pour les enfants au-dessous de 10 ans sont à moitié prix excepté celles à 1,50 et 2,50 francs qui coutent 1 franc.

Le vendredi 18 août est enfin là.

À 2h 37, un premier train s’arrête le long de l’un des quais de la gare : 7 wagons-écuries, 7 wagons plats, 3 wagons-lits et un wagon à bagages. À 4h 19, voici le deuxième : un wagon-écurie, 14 wagons plats et un wagon à bagages. À 4h 49, le troisième et dernier train rejoint les deux autres : 10 wagons-écuries et 5 wagons-lits. Il va sans dire qu’un bon nombre d’habitants proches de la gare n’a pas hésité à venir voir le débarquement qui est déjà un spectacle en soi. Comme pour toute grande organisation de ce type, rien n’est laissé au hasard et tout se déroule sans anicroche et sans énervement. Œil-de-faucon, Bas-de-Cuir, Longue-Carabine, Renard-Subtil sont admirés comme des raretés. L’un des Indiens âgé d’une trentaine d’années, traîné sous son cheval pendant la représentation de Nevers la veille, est conduit à l’hôpital Saint-Joseph. Il devrait pouvoir retrouver la troupe à Angers à la fin du mois d’août.

Route de Lyon, à l’angle de la rue Claude-Duret, les chevaux subissent une inspection de la part de monsieur Péron, vétérinaire municipal. Puis, ils empruntent les avenues Alsace-Lorraine et d’Orvilliers, la rue Félix-Mathé et la levée jusqu’à l‘hippodrome.

Une arène de 10 000 places, couverte sur trois côtés et entourée de toile, est montée ainsi que deux tentes-écuries, celle des Indiens, celle du réfectoire, le bureau de presse. William Cody arrive en voiture vers 9h 30. Il peut alors passer ses troupes en revue. Le spectacle est identique à celui du Champ-de-Mars à Paris et n’est en rien raccourci même en cas de mauvais temps. Il est recommandé d’arriver tôt pour voir ensemble tous les cavaliers au grand galop. Les interprètes des scènes historiques ont tous participé à de vraies guerres. Les deux représentations (à 14h et 18 h avec ouverture des portes une heure avant) commencent par l’hymne américain joué par un orchestre de cow-boys.

En tout, 23 numéros se succèdent devant 7 à 8 000 personnes l’après-midi et entre 4 et 5 000 le soir (toutefois moins que pour le cirque Barnum en 1902) dans une visibilité parfaite grâce à l’éclairage électrique :

Peloton de peaux-rouges, et leur chef Bouclier bleu, portant des piques, coiffés de plumes, peints de couleurs éclatantes,

Cow-boys américains,

Cosaques (avec le prince David porteur de la médaille de Saint-Georges pour sa bravoure à Plevna en Bulgarie pendant la guerre russo-turque de 1877/1878),

Cavaleries française, américaine, anglaise, Czigos hongrois, Riffiens et Bédouins,

Devlin’s zouaves, Rough riders de Roosevelt (avec Tom Isabel du régiment des Rough riders, mentionné dans le livre de Théodore Roosevelt pour sa grande bravoure, blessé sept fois dans l’assaut des collines de Santiago au cours de la guerre hispano-américaine en 1898), Vaqueros mexicains, Gauchos d’Amérique du sud, Cubains

Entrée en piste de Buffalo Bill qui salue la foule et passe ses hommes en revue

Scènes de la vie de frontière,

Attaque de diligence, d’un convoi d’émigrants

Danse de guerre des Indiens

Troupe impériale japonaise avec manœuvres de guerre anciennes et modernes

Détachement des sauveteurs des États-Unis montrant leurs méthodes de sauvetage des naufragés

John Baker et ses exploits de tireur

Bataille de Little Big Horn (Général Custer face à Sitting Bull pour faire bref) avec 100 Indiens (il y en a eu près de 5 000 en juin 1876 « en vrai »)

Reconstitution du transport des lettres dans les vastes prairies du Far-West avant l’invention du chemin de fer. C’était les « Pony Express » qui ralliaient les stations à cheval avec le courrier. Travail solitaire devenu très vite dangereux à cause des attaques des Indiens et des hors-la-loi.

Rappel de la guerre russo-japonaise en cours (8 février 1904 au 5 septembre 1905 gagnée par le Japon)

Démonstration de tir à cheval au galop réalisée par Buffalo Bill, le meilleur dans ce domaine.

 

Tout ayant une fin, à 22 heures, à peine cinq minutes après la fin de la deuxième représentation, commence le démontage de l’arène. À 23 heures, tout le matériel est à la gare (la tente cuisine et d’autres annexes ont été démontées dès 18h 30 et expédiées à la gare). À minuit, minuit 50 et 2h 05, les trois trains quittent Moulins pour Roanne. Depuis longtemps, le public s’est dispersé dans la nuit tiède en échangeant ses impressions qui feront l’objet des conversations pour les jours à venir.

 

Louis Delallier

L’incroyable troupe de Buffalo Bill à Moulins en 1905
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S
Article très intéressant et complet sur le sujet. Je m'intéresse à Buffalo Bill et son passage dans la région, de quelles sources vous êtes vous servi ? Merci !
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D
J'ai trouvé des articles relatant le passage de la troupe dans le Courrier de l'Allier.