Le 21 juillet 1939 est un vendredi. Le marché bat son plein. On ne se doute pas que mademoiselle Clémence Boursaing de Clermont-Ferrand, membre de la Société protectrice des animaux, fait une tournée d’observation. Et elle n’est pas venue pour rien, car elle peut signaler à l’agent de police de service qu’une infraction vient d’être commise. L‘un des employés d’un coquetier a enfreint la loi Grammont (du 2 juillet 1850 sur les mauvais traitements envers les animaux domestiques). Il a maltraité un poulet en ne l’attachant que par une patte. La plainte est enregistrée.
Le vendredi 27 septembre 1940, la ville est occupée comme une bonne partie du pays. Des vendeurs de volaille arrivent en retard ce qui déplait très fortement aux acheteurs qui les attendent impatiemment. Ces derniers injurient les retardataires et se jettent sur leur marchandise. Deux paysannes perdent, l’une, une paire de poulets et l’autre une paire de canards.
De leur côté, les coquetiers n’arrangent pas les choses en allant au pont Régemortes (où se trouve la ligne de démarcation) pour y acheter des oies et des canards qu’ils se font livrer au marché pour les revendre.
Vendredi 10 janvier 1947, la guerre est bien finie. Mais sous le marché couvert, on se bagarre encore un peu. Une marchande de Chemilly met ses fromages en vente 18 francs pièce contre 15 francs la semaine précédente. Les ménagères mécontentes ne font ni une ni deux et jettent à la tête de l’audacieuse fermière tous ses fromages, un à un, fermière qui est conduite au poste par les gardiens de la paix où ils la retiennent pendant une heure…
Le vendredi 11 avril 1947, c’est une cultivatrice de Saint-Menoux dont les prix de vente ne conviennent pas aux acheteuses. Elle les vend 100 francs la douzaine alors que les cours vont de 90 à 100… qu’à cela ne tienne, les œufs sont écrasés sur le sol par les ménagères en signe de désaccord profond.
En août, c’est la « femme noire » qui sévit encore en dérobant pour 1 500 francs de marchandises à un commerçant.
Louis Delallier