Le comité des fêtes de Moulins, avec en tête monsieur Vidard, président, et Henry Bonnet, secrétaire général, secondés par Jean-Louis Gannat, architecte voyer de la ville, a préparé une belle semaine de réjouissances pour les habitants. Il a aussi prévu une tombola de bienfaisance dont les lots sont exposés dans la vitrine d’un commerçant moulinois.
Du samedi 25 juin au dimanche 3 juillet, les Cours sont garnis d’une abondance de baraques foraines de toutes sortes dont beaucoup de nouveautés (mètre carré facturé 0,20 franc au profit du bureau de bienfaisance).
En voici la liste :
Théâtre aérogyne (un des noms donnés au cinéma), musée anatomique Dieudonné, animaux phénomènes de l’auberge de Plougastel, musée d’actualités, panoramas Biribi et du Tour du monde, métro électric Sivière (19 mètres de diamètre), gondoles russes à vapeur Tixier (17 mètres de diamètre), le dompteur Giovanni et ses lions, manèges de sous-marins, manège de chameaux vivants, labyrinthe Demoulin, ménagerie, manège de chèvres, balançoires électriques, cinématographe, chronomégaphone*, tirs, confiseries en tout genre, loteries d’oiseaux exotiques, d’horlogerie, de vaisselle, de volailles, de photographies, pâtisseries, etc.
On découvre aussi :
le music-hall Bazola présentant le chien calculateur Sultan, de l’Olympia de Paris, capable de résoudre n’importe quelle opération, de lire et d’annoncer les nombres écrits par les spectateurs,
quatre danseurs russes, les Littzoff dont le numéro est mis en valeur par des décors lumineux appropriés,
Madame Marcelle et ses fox-terriers dressés,
L’Aéronette, danse du compositeur Auguste Bosc.
Les festivités sont lancées le samedi 25, à 20 heures, par un temps maussade.
A 20h 30, dimanche, lundi, mardi et mercredi, un concert différent est donné, par la Lyre moulinoise le premier soir, puis la fanfare des chasseurs le deuxième soir, la Lyre moulinoise et son chef monsieur Belin à nouveau et, pour finir, par la société de trompettes L’Etendard moulinois dirigée par monsieur Lefèvre.
Le jeudi est le jour des enfants à cette époque. C’est pourquoi l’après-midi leur est consacré. Près du kiosque à musique, à 15 heures, ils peuvent participer au lancement de ballons-primes munis de tickets surprise pour des lots offerts par les commerçants. A 15h 30, un bal est animé par un orgue-orchestre de la maison Dusseaux de Lille, prêté par monsieur Durantin représentant à Moulins. Il est possible de venir travesti. Les grands et les petits sont séparés pour plus d’aisance. A 17 heures, le comité des fêtes procède à une distribution gratuite de gâteaux, de jouets et de surprises diverses. L’entrée coûte 0.25 franc pour les adultes. Elle est gratuite pour les enfants qui doivent être accompagnés.
A 20h 30, la société de gymnastique la Bourbonnaise, sous la direction de Guillaume Barbe, évolue sur une estrade placée près de la préfecture (mouvements de développement à mains libres par trois sections adultes, jeux gymniques, barres parallèles par messieurs les moniteurs et la première section, pyramides aux barres parallèles par les adultes et les pupilles). L’orchestre de l’Université populaire dirigé par monsieur Chaumas rythme les démonstrations.
Le vendredi 1er juillet, les théâtres forains proposent une soirée de gala. Le lendemain samedi, la Chorale de Moulins offre un concert.
Le dimanche 3, le spectacle devait être encore renouvelé grâce à la fête des fleurs, son défilé de voitures fleuries et sa bataille de fleurs place d’Allier. Mais les obsèques du maire de Moulins, Edmond Gondard, qui ont lieu le matin même repoussent la fête au 10 juillet. De 11 heures à 14 heures, tous les stands des Cours restent fermés par respect pour le mort. Le reste du programme est inchangé. À 17 heures, les amateurs de cyclisme suivent avec intérêt le challenge du tour de Moulins organisé par le F.C.M. À 21 heures, les Cours, dont les entrées sont illuminées d’ampoules électriques chaque soir, s’éclairent de guirlandes de fleurs électriques. Pour les personnes qui habitent loin de la ville, le P.L.M. fait rouler un train supplémentaire ce soir-là. Il part de Moulins à 22h 35, de Bessay à 23h 06, de La Ferté à 23h 16 et de Varennes à 23h 39.
Cette année-là, la fête des Cours est exceptionnellement prolongée d’une semaine suite à une pétition des forains. Mais la décision est prise un peu trop tard par la municipalité et nombre d’attractions sont déjà reparties. Il ne reste que celles du cours du théâtre.
Le report de la fête des fleurs au dimanche suivant n’en atténue pas sa réussite. Le temps est splendide. Le spectacle du défilé est une succession de trouvailles et de fantaisie. On y découvre des bicyclettes, tricycles, triporteurs, voitures d’enfants, voitures humoristiques (voitures à bras, brouettes, etc.), charrettes anglaises, voitures légères à poneys, petits véhicules à traction animale (âne, chèvre), landaus, victorias, chars allégoriques, voitures de livraison. La Lyre moulinoise, les trompettes de L’Etendard moulinois et la Chorale de Moulins insérées dans le cortège contribuent à l’enthousiasme général. Les femmes ont été priées de fleurir leurs corsages et ombrelles.
Quelques exemples d’attelages :
Voitures de livraison de la maison Barillot, de la brasserie Schneider aux couleurs françaises sur le thème du Temps des saisons (avec soleil en mauvais état, grenouilles, verdures exagérément développées à cause du trop-plein de pluie), de l’entreprise de monsieur Duchet, vendeur d’eaux gazeuses.
Chars de la Chorale de Moulins : Chanteclerc transportant un coq de six mètres de haut dû à monsieur Guéraut,
de la Compagnie du gaz,
des pâtissiers-glaciers : la Brioche arborant des roses rouges, des hortensias, de la gaze bouton d’or et promenant des marmitons qui jettent des brioches dans la foule,
des commerçants du quartier des Cours (messieurs Poulet, Robiolio, Vélard, Cagnat, Brivet, Cluzel, Devillers, Gouthéreau, Bourin, Bonnet) : la comète de Halley ornée d’hortensias, d’œillets, de roses et de mimosas (œuvre d’Henry Bonnet),
de l’Union du commerce des vins en gros : tonneau garni de roses rouges et de lis,
un deuxième Chanteclerc plus petit, celui de monsieur Perrier
la charrette des jeunes fils Gageot tirée par un poney,
le landau du F.C.M.
une voiturette traînée par un minuscule poney avec les jumeaux Marnas.
Parcours : Cours Choisy (cours Jean-Jaurès), rue du théâtre jusqu’à la gare, rue de Montluçon (rue Philippe-Thomas actuelle), avenue Meunier, rue de Lyon, boulevards de Courtais et Ledru-Rollin, avenue d’Orvilliers, place et rue Régemortes, place Achille-Roche, rue Blaise-Pascal, place d’Allier, rues d’Allier, de l’Horloge, François-Péron, de Paris, cours de Bercy.
Les forains présents sur les Cours ont apprécié les facilités de chargement et déchargement et la qualité des transports effectués par les maisons Delinière et Topenot. Cependant, ils regrettent l’absence d’un service de pompiers et de lieux d’aisance ainsi que le trop grand espace laissé autour du kiosque de la préfecture qui coupe la fête en deux.
*Gramophone à air comprimé pour amplifier le son, inventé par Léon Gaumont en 1902, créateur de la société de production et de distribution cinématographique La Gaumont.
Louis Delallier
D’une durée d’une semaine à sa création en 1908 (du dimanche après le 24 juin au dimanche suivant inclus, puis du dimanche précédant le 14 juillet au dimanche suivant par arrêté du 20 décembre 1913 du maire de Moulins, monsieur Darfour, ou du 7 au 14 juillet quand le 14 juillet tombe un dimanche), elle passe à deux semaines en 1924 (arrêté de monsieur Blanc, maire) du 1er dimanche de juillet au 3ème dimanche inclus.La fête foraine existe toujours à Moulins, du 1er samedi du mois de juillet au dimanche de la semaine suivante. Mais, ce n’est plus la « fête des Cours ». En 2006, suite à la rénovation des cours, elle fait un passage éclair et déplorable au parc des Isles à Avermes. Elle est ensuite envoyée à la plaine des Champins jusqu’en 2011. Le public n’est pas au rendez-vous et, en 2012, les forains s’installent place Maréchal de Lattre de Tassigny près du centre-ville, emplacement mieux adapté. En 2017, la place rénovée les accueille toujours.