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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Janvier 1918, la prophétie du chemineau

Publié le 3 Novembre 2017 par Louisdelallier in Guerre 14-18, Portraits

23 janvier 1918, il est environ 15h 30, une couturière de la rue Sainte-Catherine à Yzeure voit un homme en prière à la cathédrale dans la chapelle de la Sainte-Vierge. Une heure plus tard, à la Faloterie à Yzeure, près de l’asile Sainte-Catherine, le même chemineau est assis au bord d’un fossé. Il se remarque immédiatement à cause de sa barbe poivre et sel abondante et de ses cheveux longs coiffés en petites nattes. Il porte une veste où sont accrochées des médailles. Sa carrure est athlétique.

L’homme aborde un soldat pour lui annoncer que « la guerre n’est pas finie, mais Guillaume perdra. C’est écrit au ciel. Ensuite, on l’arrêtera, Guillaume, on le jugera ou bien ses hommes le tueront ».

Son discours est très curieux car il affirme avoir la barbe du Christ, revenir de Jérusalem et se rendre à Lyon qui sera bientôt « inondé par les rivières ». Il prédit que des ténèbres avec des gaz et des fumées vont s’abattre sur la terre et qu’à la Chandeleur une catastrophe épouvantable éclatera à Moulins. Bien évidemment, ces propos sont pris pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire ceux d’un esprit tourmenté.

Mais dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 février, le soir de la Chandeleur justement, l’atelier de chargement situé rue des Epoux-Contoux à Yzeure, à la limite de Moulins, explose en causant de très importants dégâts et sème la panique en ville et aux environs.

Les stocks de trois millions d’obus, 2 400 tonnes de poudre et d’explosifs, de 1 400 hectolitres d’alcool, d’essence et d’acétone constituent un danger permanent. Le samedi 2 février, une première explosion se produit à 21 heures, puis une deuxième dix minutes plus tard. Jusqu’à 5 heures du matin, c’est un déchaînement d’explosions et de feu. Trente-deux ouvriers sont tués, 200 sont blessés. Les maisons et bâtiments de la ville sont ébranlés, des vitres tombent un peu partout. Les rues de Moulins et d’Yzeure sont jonchées de débris de verre, de tuiles, de plâtras de toutes sortes. Des Moulinois affolés sortent dans les rues et se sauvent vers l’extérieur de la ville. Quelques-uns s’en vont à pied jusqu’à Trévol, Villeneuve et même Chantenay-Saint-Imbert pour trouver un refuge sûr. Les explosions sont ressenties jusque dans la Drôme à quelque 200 kilomètres. Une gerbe de flammes est aperçue depuis la base militaire aérienne d’Avord à 86 kilomètres. Les explosions sont aussi entendues dans le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire. Au maire de Moulins qui se trouve à Roanne on dit que c’est Moulins qui saute.

La thèse de l’attentat est soulevée sans preuve. Cependant, l’une des deux fusées d’amorçage volées quelques jours avant est retrouvée sur place et des restes de fusée trouvés dans les décombres pourraient être ceux de la deuxième.

Cette impensable coïncidence n’a pas manqué de troubler fortement ceux qui étaient au courant de la prophétie. Comment cet original a-t-il pu prévoir la catastrophe et surtout sa date précise ? La question se pose encore même si, à l’époque, on a conclu que c’était sûrement un « boche » qui savait ce que ses compatriotes tramaient.

A l’occasion de son retour à Moulins l’hiver suivant, on apprend que le « prophète » serait berger et, d’après ses papiers, originaire de Bretagne. Il tient à montrer des lettres de remerciement pour ses nombreuses prédictions comme preuve du sérieux de son activité divinatoire.

 

Louis Delallier

 

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A
Belle histoire sur ce prédicateur; si nous connaissions la nature des médailles épinglées sur sa veste , on aurait pu faire des recherches et en savoir davantage sur cet homme mystérieux!
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L
C'est effectivement très frustrant.