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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Mai 1905 : un géant nommé Hugo en démonstration à Moulins

Publié le 13 Janvier 2018 par Louisdelallier in Spectacles

Le Matin du 26 décembre 1903

Le Matin du 26 décembre 1903

Cinq ans avant le géant Pisjakoff (voir mon article à son sujet), Moulins accueille Hugo, presque aussi géant avec ses 2m 30 et ses 201 kg (contre 2m 46 et 197 kilos pour Pisjakoff). Baptiste Hugo a prévu de se produire le dimanche 28 mai 1905 au café chinois sur les Cours. Ce type d’attraction rencontre bien du succès à cette époque où l’on présente volontiers des êtres humains disproportionnés, difformes ou au visage hideux.

 

On attend donc Hugo avec impatience à Moulins. Mais l’automobile, spécialement conçue et fabriquée pour lui, fait une embardée près de Saint-Pourçain-sur-Sioule et tombe dans un profond fossé. Hugo et son manager, O. Maréchal, qui viennent de Commentry, s’en sortent indemnes. Il leur faut trouver un autre véhicule qui permettra de transporter le très grand homme sans trop de difficultés. A 15h 30, l’équipage arrive à Moulins. Pour 30 centimes, les curieux peuvent venir s’étonner de la taille et de la corpulence d’Hugo.

Le mardi suivant, Hugo se déplace jusqu’à Lurcy-Lévis. Il revient à Moulins le 1er juin, jour de l’Ascension, pour prendre possession de son auto remorquée la veille par le garage moulinois Cornette et Bucheron. Il en profite pour faire une nouvelle démonstration de son imposante stature, cette fois-ci à l’hôtel du Dauphin, place d’Allier, de 10h à 22 h.

 

Baptiste Hugo, de son vrai Battista Ugo, est né à Vinadio dans les Alpes italiennes, le 21 juin 1876 (et pas à Saint-Martin-Vésubie dans les Alpes-Maritimes en 1879 comme écrit par son manager dans son ouvrage « La biographie, les voyages et la vie des géants Hugo, les plus Grands sur Terre »).

Ses parents (père, 1m 64, et mère, 1m 68,) sont cultivateurs et ont deux filles et cinq fils. L’un d’eux a été refusé au service militaire car trop petit… Le plus jeune, Paolo Antonio (Antoine), né le 28 juin 1887, mesure 2m 25 et pèse 150 kg. Leur  grand-père maternel mesurait 2 m 02 et leur grand-mère paternelle 1m 96, des dimensions qui n’en ont pas fait pour autant des bêtes de foire.

Baptiste est le plus célèbre des deux géants qui se déplacent pourtant fréquemment ensemble, si possible en voiture pour se ménager des moments de tranquillité. En effet, il leur est impossible de passer inaperçus quand ils mettent pied à terre dans une localité.

Baptiste chausse du 61. Ses bras étendus font 2m 27, son tour de mollet fait 51 cm et son tour de poignet 27 cm. Pour lui tailler un vêtement, 7m 50 de tissu sont nécessaires. Pour dormir à son aise, il a besoin d’un lit de 3m sur 1m 50. Lorsqu’il est assis à une table ordinaire, ses genoux la dépassent de 20 cm. Un homme, même grand, monté sur une chaise ne peut atteindre ce qu’il tient dans la main.

Un menu détaillé par son manager comprend : une grande soupière de potage, une sole normande, un lapin sauté, un filet madère, une dinde truffée, quatre livres de pain, quatre litres de vin, entremets et dessert.

Baptiste participe aux exhibitions de l’exposition universelle de Paris en 1900, se rend en Afrique du nord. Il est recruté par le cirque Barnum et Bailey aux États-Unis où il remplace son frère Antoine, décédé à Maisons-Alfort (Val-de-Marne) le 16 février 1914. C’est dans cette ville que les deux frères ont vécu de nombreuses années, villa Houdart, rue Eugène-Renault.

Baptiste meurt à New-York le 22 avril 1916. Son autopsie effectuée par le docteur Symmers révèle qu’il mesurait alors 2m 59. Ce constat d’une croissance pas encore aboutie fait l’objet d’une publication dans la revue « Acromégaly gigantism. Interstate médical journal » en 1917.

 

Il existe beaucoup de cartes postales montrant Baptiste ou les deux frères, le plus souvent associés à d’autres personnages exceptionnels par leur taille comme Adrien Jules Esmilaire, dit Adrien (69 cm et 10 kilos) ou encore Marguerite de Bidache (70 cm et 9 kilos).

 

Louis Delallier

 

P.S. : un excentrique Rouennais, le comte Saint-Ouen de Pierrecourt, décédé en 1901 avait inclus une clause dans son testament. Il léguait tous ses biens à la ville de Rouen à condition qu’elle réserve au moins 100 000 francs (sur une fortune estimée à 10 millions) à un couple de géant « afin de régénérer l’espèce humaine ». Un médecin devait constater l’état de force et de santé des mariés. Baptiste Hugo qui a failli épouser Agnès Yven de New-York , géante de son état n’aurait, de toute façon, pas bénéficié de cette très importante somme. En effet, la ville de Rouen n’a pas souhaité prendre cette responsabilité compte tenu des observations médicales  sur le gigantisme mettant en évidence des désordres physiologiques. Elle a traité avec les héritiers à qui elle a reversé 3 millions pour pouvoir abandonner cette clause dérangeante.

 

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