Sur une carte postale ancienne montrant la maison à l’angle de la rue Philippe-Thomas et de l’avenue Général Leclerc, on voit plusieurs enseignes commerciales dont celle du photographe installé au 1er étage : Marius Marnas. Né à Saint-Étienne le 23 septembre 1875, il y exerce la profession de photographe, passage Sainte-Catherine. En mai 1900, il se marie dans sa ville natale avec Rosalie Bouvard, professeur de piano.
En octobre 1900, Marius Marnas est installé à Moulins au 26 place de la République, juste en face de la gare. Il a repris le commerce de M. Fafournoux. Une publicité paraît dans la presse présentant sa boutique comme étant de premier ordre. Auteur d’un grand nombre de prises de vue de Moulins et d’autres localités de l’Allier ainsi que de portraits, il affirme en avril 1903 être à la tête de la plus importante maison de la région dont la supériorité des travaux peut être jugée grâce à ses expositions permanentes. Il utilise des techniques à base de platine et de charbon, reconnues comme inaltérables et artistiques. Chez lui, on peut commander des cartes de visite, des albums de photographies, et les amateurs peuvent disposer gratuitement d’un laboratoire.
En 1906, le couple Marnas (et ses deux filles Suzanne, née en 1903, et Aline, née en 1904) vit toujours à Moulins, rue Regnaudin, d’où il déménage la même année pour la rue de Sèvres à Paris dans le 15ème à la suite de sa nomination comme photographe des musées et palais nationaux. En 1908, la famille (sans Aline décédée en mai 1906) habite rue Carpeaux dans le 18ème, puis à Versailles, boulevard Duplessis, en 1910. En 1913, elle a regagné le 15ème arrondissement de Paris (rue de la Convention et rue Gerbert). Le magasin-studio de Moulins a été repris par Émile Moulin.
La guerre va signifier la mobilisation pour Marius Marnas et ce dès le 7 août 1914. Il prend une part active au combat contre l’Allemagne jusqu’au 13 septembre 1917 avant de servir au Maroc du 14 septembre 1917 au 28 janvier 1919. Ses supérieurs écrivent de lui le 1er juillet 1918 :
« Observateur d’élite ayant pris la plus grande part aux reconnaissances photo aériennes délicates exécutées en vue de l’établissement de la carte du Haut-Atlas dans la région du haut Oum er Rebia a fourni des renseignements des plus précieux au commandement en faisant le relevé photographique de la région insoumise et inconnue El Hammad où le groupe Meknès devait opérer. »
Ses états de service lui valent une promotion au grade de sous-lieutenant le 24 mars 1918 et la Croix de guerre avec palme. En juin 1921, il est promu lieutenant et, en novembre 1924, reçoit la Légion d’honneur. Marius Marnas est démobilisé le 29 janvier 1919. En 1920, il se retire à Saint-Martin-de-la-Brasque dans le Vaucluse où il meurt le 12 août 1944.
Marius Marnas avait un oncle (1847-1930) qui portait les mêmes nom et prénom et qui exerçait aussi la profession de photographe à Saint-Étienne. Un entrefilet, paru dans Le Stéphanois du 11 mai 1890, fait part du recrutement par la maison de photographie Raphaël Royer, rue de la République à Saint-Étienne, de Marius Marnas en qualité de directeur-gérant. Il est récompensé d’une médaille de bronze dans la catégorie « Epreuves et appareils de photographie » à l’exposition universelle de Paris en 1889. Il fait alors partie de la maison Chéri-Rousseau de Saint-Étienne. Plusieurs cartes promotionnelles le montrent associé tour à tour avec A. Dufour et Lallier. En septembre 1907, nommé au grade d’officier d’académie, il est présenté comme un artiste photographe très apprécié de ses concitoyens.
Saint-Étienne semble être une ville attractive pour les photographes professionnels, car pas moins de 15 sont recensés dans l’annuaire administratif et commercial de 1900 : Allemand/Arnaud/Bacon/Bellotti/Auguste Berthon/Chéri-Rousseau/Crozet et Roule/Kraft/Marnas/Offray/Prost/Rebeaud/Robert/Paul Verron.
Louis Delallier