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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Le hall moulinois de l’agriculture

Publié le 9 Septembre 2018 par Louisdelallier

Le hall de l'agriculture du côté du cours de Bercy

Le hall de l'agriculture du côté du cours de Bercy

Le 11 février 1886, la Société d‘agriculture de l’Allier organise son premier concours agricole. D’année en année, la réputation de la manifestation grandit et l’abri provisoire construit tous les ans place aux Foires ne convient plus. Il faut du temps aux dirigeants de la société pour trouver l’endroit idéal. Ils finissent par le trouver entre le cours de Bercy et la rue Durand.

 

C’est là que la Société d’agriculture fait ériger, par les entrepreneurs Chomont et Sallard, son hall de l’agriculture d’après les plans de l’architecte moulinois Michel Mitton. Cet édifice, premier du genre, comprend cinq travées de 10 mètres de large sur 65 mètres de long, soit environ 3.000 m2 éclairés par de larges baies vitrées. Son inauguration a lieu le 7 février 1901, premier jour du concours agricole annuel.

Des améliorations lui sont apportées dont celle, importante, de 1936 avec la création d’une annexe accessible directement depuis le bâtiment principal par une porte de douze mètres de large (entreprises Oster et Sennepin, installation électricité Ets Merlet à Moulins). Elle comporte 75 cases séparées par des cloisons coulissantes. La circulation, les conditions d’hygiène et de propreté ont, elles aussi, progressé. Cinq lampes de forte puissance éclairent le tout. Une veilleuse reste allumée chaque nuit.

 

Les animaux ne seront pas ses seuls occupants du hall jusqu’à sa destruction dans les années 80. Il ouvre ses portes à de nombreuses manifestations dont voici quelques exemples.

 

En juin 1910, les horticulteurs y trouvent l’espace nécessaire à la mise en valeur de leurs productions. Cette exposition est qualifiée de remarquable.

 

En juillet 1912, le festival de musique (voir mon article sur le sujet) s’installe dans le hall prêté par monsieur de Garidel, président de la Société d’agriculture. Il prend alors l’allure d’une vraie salle de spectacle.

 

En mai 1937, les sociétés moulinoises (telles l’Association Générale des Mutilés de Guerre, l’Association des Blessés du Poumon, La Bourbonnaise, les Chevaliers de la Gaule, l’Etoile moulinoise, etc...) y tiennent leur kermesse de printemps au cours de laquelle l’armée de l’air se produit.

 

Le 20 juin 1948, la Mutualité y rassemble les participants de son congrès et propose, en soirée, en partenariat avec le Boxing club, des combats de boxe qui font la joie des amateurs.

 

En avril 1954, c’est au tour des chiens d’y être exposés pour la fierté de leurs maîtres et le plaisir des visiteurs.

 

En dehors de ces festivités, le hall jouera un rôle important pendant les deux conflits mondiaux. Dès le début de la Grande guerre, en plus de sa fonction animalière, il accueille des réfugiés du nord et de l’est de la France, de Belgique et des soldats en transit.

 

La Seconde guerre lui fait reprendre du service dès la mi-septembre 1939. Il est réquisitionné pour devenir un hôpital vétérinaire de l’intérieur (HVI) pour chevaux malades ou blessés évacués des hôpitaux militaires de l‘armée (HVA). On y établit des écuries d’isolement, des hangars, des chambres de traitement, un bureau du cantonnement des hommes, des cuisines et réfectoires. Le personnel est logé pour moitié dans les locaux Léveillé (s’agit-il de la brosserie route de Lyon ?) et à moitié au cinéma l’Artistic. L’hôpital est gardé de jour comme de nuit par un sous-officier maréchal infirmier assisté de quelques infirmières. Le responsable de l’HVI est le vétérinaire commandant Bény ayant pour adjoint le vétérinaire capitaine Juniet.

 

Les chevaux  peuvent être expédiés à Moulins par wagons ou même par trains entiers. Selon les places disponibles, leur nombre peut monter à 200. Certains sont transportés depuis la gare dans des voitures, suspendus à des sangles. A leur entrée, ils sont répartis en fonction de leur état de santé : cas nécessitant une intervention chirurgicale, maladies contagieuses, maladies internes. Ils sont immatriculés et tondus avant tout traitement pour faciliter le nettoyage. Certains doivent être abattus avant d’être vendus à l’équarrissage ou en boucherie. D’autres considérés comme tarés sont vendus tous les mois aux enchères publiques.

 

Deux abreuvoirs en tôle posés de chaque côté de l’entrée sont branchés sur les conduites de la ville. Les animaux y sont conduits à tour de rôle. Les plus valides ont droit à une petite promenade avant de passer du temps attachés aux barres du cours de Bercy. Quand leur état le nécessite (fourbure par exemple), ils sont menés à la rivière pour des bains.

L’infirmerie, au fond du hall, est équipée d’armoires à pharmacie, d’appareils de contention, de tondeuses, d’instruments de chirurgie, de tables, de foyers pour chauffer les récipients servant à stériliser les outils. Les opérations comme l’extraction d’éclats d’obus se pratiquent sous anesthésie.

Les chevaux agressifs sont examinés et traités dans un hangar spécifique. Un « travail » fait de gros madriers fichés en terre et polis permet de les retenir au mieux.

 

Des chambres de sulfuration  en bois avec porte d’entrée et porte de sortie ont été ajoutées. Dotées de 8 cases chacune, on y enferme les chevaux galeux ou porteurs de parasites. Le roulement quotidien est de 24 chevaux à raison d’une heure un quart par cheval. Les chevaux contagieux sont mis à l’écart dans sept baraques (50 bêtes chacune) construites sur le terrain Bonnichon où s’élevait une scierie.

 

Les bêtes en convalescence sont envoyées au vert chez monsieur Mouley, rue de Paris à Avermes au lieu-dit Champfeu. Après guérison, elles sont prêtées aux agriculteurs volontaires de la région desquels on exige seulement une garantie morale et matérielle. Cette mesure a pour résultat de consolider la guérison dans de bonnes conditions d’hygiène et de grand air avec des efforts physiques limités. En outre, elle économise des rations et libère de la place. Les agriculteurs, quant à eux, bénéficient d’une assistance animale dans un contexte de pénurie. Au 16 mars 1940, ce sont déjà 600 chevaux qui ont trouvé une place dans les exploitations agricoles du département.    

 

Cette belle organisation sera remise en cause pour cause d’occupation allemande de la ville à partir du 18 juin 1940.

 

 

Louis Delallier

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