Peu après le 14 décembre 1903, le Courrier de l’Allier annonce la naissance de Georges Boboul. Pourquoi ce nouveau-né, fils d’un cordonnier de la place aux Foires (actuelle place Jean-Moulin), attire-t-il l’attention d’un journaliste ? C’est sa place dans la fratrie qui mérite qu’on s’y arrête. En effet, il est le 18ème enfant du couple formé par Marguerite et Antoine, âgés respectivement de 43 et 52 ans.
Cette remarquable famille, toute en blondeur, respire la santé et force le respect de son entourage. La mère s’acquitte de ses tâches nombreuses et répétées avec sérénité et le père travaille d’arrache-pied pour nourrir sa nichée.
Les parents sont originaires du Cantal (Mauriac pour Madame et Jaleyrac pour Monsieur). Mariés en septembre 1879 à Mauriac, ils semblent ne pas avoir tardé à s’installer à Moulins puisque leur premier enfant, Antoinette, naît place Saint-Gilles, le 10 juin 1880. Malheureusement, elle meurt le 17 juillet 1881, le lendemain de la naissance de sa sœur Marie, place Saint-Gilles également.
Viendront ensuite :
Jeanne (3 ans recensement de 1886 et 8 ans recensement de 1891)
Marie-Louise (27 décembre 1884), rue Jean-Bart
Marie (24 mai 1887), place Achille-Roche
Pierre (29 septembre 1888), place Achille-Roche
Henriette (5 août 1890), place Achille-Roche
Marguerite (11 décembre 1891), place Achille-Roche
Berthe Yvonne (4 juillet 1893), place Achille-Roche
Julie (31 janvier 1895), place aux Foires
Suzanne (27 février - 12 juillet 1896), place aux Foires
Félix (24 janvier 1898), rue du Port
Elisa (3 ans recensement de 1901)
Anne (4 août 1899), place aux Foires
René (12 septembre 1900) place aux Foires
Albert (12 mars 1901), place aux Foires
Georges (14 décembre 1903 - Moulins 13 décembre 1903), place aux Foires.
Malgré des recherches approfondies, je n’ai pu retrouver les actes de naissance que de 15 des 18 enfants. En comptant Jeanne qui figure sur les recensements de 1886 et de 1891 et Elisa sur celui de 1901, il manque encore une personne.
Marie-Louise, Marie, Pierre, Henriette, Marguerite, Berthe, Julie, Anne et Albert se marient à Paris entre 1908 et 1923. Pierre est employé de commerce, Henriette couturière, Anne vendeuse, Julie modiste, Marguerite employée et mannequin (elle a épousé un parfumeur), Marie (née en 1887) mécanicienne, Berthe employée et Albert employé de magasin.
Leur père est décédé le 14 août 1912 (quai d’Allier), ce qui explique sans doute pourquoi leur mère apparaît sur les actes de mariages, après son veuvage, comme vivant rue de Turenne à Paris. Elle a probablement suivi, un temps, ses enfants dans la capitale. Un entrefilet du Petit Parisien signale qu’elle est blessée au bras droit par le brancard d’une voiture à cheval ayant dérapé place de la République à Paris le 21 août 1922. On la retrouve rue des Pêcheurs à Moulins en 1923.
En 1913, l’un des fils (Pierre peut-être) est joueur au FCM, club de rugby moulinois bien connu.
Un drame terrible endeuillera la famille en mai 1909. A cette époque, Antoine Boboul est aussi concierge du vélodrome. Le samedi 22 mai en fin d’après-midi après l’école, Félix et son copain Georges Lamouche sont en train de jouer, sur un des îlots de l’Allier, au-dessus du pont de fer, lorsqu’ils décident de se baigner. Ce sera la dernière fois, car un trou sableux les piège et ne leur laisse aucune chance. Des charretiers, Albert Dumontel au service de l’entrepreneur Baudron et un frère de Georges, s’inquiètent de voir les deux cartables abandonnés et donnent l’alerte. Il est déjà trop tard. Le docteur Bruel dépêché sur place essaiera de les ranimer pendant plus d’une heure, en vain.
Louis Delallier