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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La société des courses de Moulins de 1848 à 1948

Publié le 23 Mars 2019 par Louisdelallier in Hippisme, Sport

L'hippodrome de Moulins en 1916

L'hippodrome de Moulins en 1916

Il suffit d’une balade sur l’allée des Soupirs qui surplombe l’hippodrome et ses installations pour constater que son activité est toujours florissante malgré son grand âge. La saison 2019 commencera le 14 avril et se terminera le 27 octobre.

Quand la première course officielle a lieu le 7 août 1851, la société bourbonnaise d’encouragement pour l’amélioration de la race chevaline a déjà 3 ans. Fondée en 1848, elle est déclarée d’utilité publique en octobre 1850 (elle devient Société des courses en 1851). Des aristocrates et notables bourbonnais en tiennent les rênes. Le Baron de Veauce, ami du duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, en est le président, E. de La Boutresse et le comte A. des Roys en sont les vice-présidents et monsieur Lavergne le secrétaire.

Les meetings de Moulins, bien subventionnés par les pouvoirs publics, sont alors nationalement reconnus. Les écuries les plus cotées se mesurent dans les compétitions moulinoises. « Le Grand Saint-Léger de France » doté de 6 000 francs, course la plus importante de province, est couru à Moulins et compte parmi ses vainqueurs « Allez-y gaiement » appartenant à Hippolyte Mosselman.

Les réunions se disputent sur l’hippodrome (national en 1852 et impérial en 1853) des Rocs à Avermes en bordure de la route de Paris, peu après le passage à niveau, sur un terrain mis à disposition par la ville de Moulins. Elles sont aussi l’occasion idéale de faire la fête avec parade donnée par la garnison, bal au théâtre, exposition, loterie, etc.

La guerre de 1870 va mettre un terme à la prospérité de la société des courses de Moulins, qui s’était accrue grâce à l’arrivée du chemin de fer en 1853. Les épreuves ne reprennent qu’en 1876, année de l’inauguration du nouvel hippodrome dit « des Gâteaux », que nous connaissons. Il a fait l’objet d’études sérieuses car l’endroit, à proximité de l’Allier, est en zone inondable. Les tribunes tournent le dos à la rivière pour que les spectateurs n’aient pas le soleil dans les yeux. On compare volontiers la qualité de sa piste et la longueur de sa ligne droite avec celles de  l’hippodrome d’Epsom.

La reprise effectuée, la société des courses doit faire face à des difficultés financières dues à la baisse des subventions et aux frais importants de l’installation des tribunes. Heureusement que les nouveaux administrateurs, messieurs A. de La Jolivette, E. de Chavigny, le marquis de Tracy, le baron Le Febvre et le vicomte de Chavagnac, ont de la ressource pour permettre à la société de relever la tête.

En août 1905 (voir mon article à ce sujet), l’hippodrome se transforme en vaste scène de spectacle en plein air pour recevoir l’exceptionnelle troupe du «Buffalo Bill’s wild west and Congress of The Rough Riders of the World».

Pendant la Première Guerre mondiale, les réquisitions massives de chevaux pour l’armée place l’élevage et les performances sportives à l’arrière-plan des préoccupations nationales et locales. Il n’empêche que le comité de la Société d’Encouragement, après avoir constaté que l’Angleterre, l’Allemagne et l’Espagne organisaient encore des courses, suggère en 1916 au ministre de l’Agriculture d’en faire autant dans le but de sélectionner les meilleurs chevaux mâles et femelles des trois dernières générations. Il faut en effet penser à l’avenir. Moulins est dans le trio d’hippodromes retenus car remplissant des conditions précises. Les courses ont lieu exclusivement en semaine, sans pari. Il n’est pas question de s’amuser comme en temps de paix. Du lundi 2 au samedi 14 octobre, huit journées se déroulent à Moulins. Le mercredi 11 octobre, le Prix des 3 ans (conditions équivalentes à celles du Jockey-club) sur 2 400 mètres est remporté par un cheval de première classe, Teddy, pur-sang anglais monté par George Stern et entraîné par Robert Denman. 

Après 1918, la société reprend l’organisation de meetings, peu nombreux, avant le début des travaux de remise en état de l’hippodrome.

En 1924, se constitue la société anonyme des courses de Moulins présidée par le comte F. de Bourbon-Busset, puis en 1930 par E. Munet avec comme vice-président le vicomte J. de Montlivaut. Elle entreprend de réaménager les lieux pour faciliter la tenue de réunions annuelles.

Après la Deuxième Guerre, elle multiplie les efforts pour attirer le plus grand nombre de  partants à chacune des courses qu’elle n’arrive pas à doter de prix importants. Elle souhaite associer à son travail les commerçants et les industriels considérant que les turfistes et les curistes venus de Vichy sont de potentiels consommateurs.

Dans les années 30, pour diversifier la clientèle et la faire venir d’horizons nouveaux, des autocars spéciaux circulent depuis la Saône-et-Loire (Bourbon-Lancy), la Nièvre (Decize, Cercy-la-Tour, Saint-Honoré-les-Bains), Bourbon-l’Archambault, Neuilly-le-Réal, Le Donjon, Jaligny, Montmarault, Montluçon, Saint-Pourçain-sur-Sioule et Vichy. Le prix du billet comprend une carte de pesage « homme ou dame » et les horaires sont ajustés pour une arrivée à Moulins avant le départ de la première course. Des cars font aussi le transport entre la gare et l’hippodrome.

En 1948, année de son centenaire, la société des courses est présidée par le vicomte J. de Montlivaut et vice-présidée par le baron de Saint-Péreux et le général de Laclos. Son  secrétaire-trésorier est monsieur Bolché assisté de Madame Alassaire. La société est locataire de l’hippodrome, propriété de la société de l’hippodrome. Celui-ci est considéré comme le meilleur de province avec sa piste en ligne de 1 100 mètres large de 20 mètres, sa piste de haies de 1 850 mètres large de 15 mètres (comparable à celle d’Auteuil), sa piste de steeple-chase (six obstacles fixes), son parcours de cross-country de 5 km et ses pistes secondaires.

Le dimanche 18 juillet, six prix sont courus à Moulins :

Prix Le Febvre ou prix du gouvernement et de la société sportive d’encouragement (steeple-chase, cross-country, 4 000 mètres) : Union sacrée - Anabella - Well Maide.

Prix d’Harcourt (plat, 2 ans, 800 mètres) : Spiritus - Forget me - Belle Petite - Bi-Kini.

Prix Chavagnac ou prix de la société de sport de France (plat gentlemen-riders, 1 800 mètres) : Borator - Sayid - Onde Courte - Ondée de Bombes.

Prix du Centenaire  ou deuxième prix de la société d’encouragement (plat, 2 200 mètres) :

Ganolitte - Pierre qui Vire - Miss Toubia - Niardot.

Prix de la Société du demi-sang (trot attelé, 2 200 mètres) : Bénénisse - Brucine - Bethsaida - Blanche Neige.

Prix Tracy  ou prix de la société des Steeple-chase de France (haies, 2 800 mètres) : Esterondo - Bolatoune - Don du Roi - Happy Days.

Des tribunes fleuries, un buffet varié et copieux, des tenues élégantes malgré le temps incertain et froid, un grand bal à l’hôtel Darmangeat, place aux Foires (place Jean Moulin actuelle) avec l’orchestre de Paul Muylle et son quintette « ambiance »  sont autant d’atouts pour cette journée particulière.

 

Louis Delallier

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