Le Paris-Nice1 sera dans nos murs le 12 mars. Depuis plusieurs jours, des panneaux annoncent la fermeture des rues concernées par le passage de la course. Et les amateurs se préparent déjà au spectacle.
Tout comme en 1934, le jeudi 8 mars, où la deuxième étape Nevers-Lyon passe par Moulins vers 11 heures. La gendarmerie a été sollicitée pour éviter incidents ou accidents provoqués par des spectateurs trop enthousiastes ou imprudents.
Le départ a lieu à 8h 30 à Nevers, dans le froid, qui conduit 21 concurrents à l’abandon. Et pour faire bonne mesure, 15 autres sont éliminés. Les 92 concurrents encore en lice, avec à leur tête Ferdinand Le Drogo et Fernand Mithouard, font leur entrée dans Moulins par la longue ligne droite de la rue de Paris. Sur le parcours (rues François-Péron, de l’Horloge, de la Flèche, des Couteliers et de Lyon), Théo Herckenrath tente de s’échapper du peloton, en vain. Le public massé sur les trottoirs n’hésite pas à applaudir les méritants, bien que retardataires, Adrien Buttafocchi et Raoul Lesueur, puis Fabien Galateau et Lucien Weiss avec leurs 7 et 10 minutes à rattraper. Rue de Lyon, Lesueur crève pour la deuxième fois de la matinée.
Les coureurs sont précédés et suivis par des automobiles en nombre parmi lesquelles on remarque celles du Petit Journal, de Paris-Soir, de Miroir des sports. Celle de Match l’Intran2, équipée d’appareils récepteur et transmetteur de T.S.F., s’arrête près de l’hôtel de Paris pour radiodiffuser la première partie de la course, progrès technique qui attire les curieux.
Cette année-là, Gaston Rebry, Roger Lapébie et Maurice Archambaud conquièrent les trois premières places du classement général.
Le mercredi 18 mars 1936, la quatrième édition du Paris-Nice comprend un nouveau passage par Moulins au cours de l’étape Nevers-Saint-Étienne. Dès 10h 30, le long des rues de Paris, de l’Horloge, de la Flèche, des Couteliers les curieux se positionnent au mieux pour ne rien perdre de la course. Les coureurs font leur apparition à 11h 07 précises avec à leur tête le Français Bernard suivi de Tommies et Omer Taverne, Belges tous les deux. En quelques minutes, le spectacle est joué et il ne reste que les conversations pour faire durer le plaisir.
En 19573, le mercredi 13 mars, le Belge Julien Schepens est vainqueur de l’étape Bourges-Moulins (171 km). Il est suivi du Français Louison Bobet et de son compatriote Désiré Keteleer. La course prend ensuite la direction de Saint-Etienne (207 km).
Le 5 mars 1959, L’Italien Vito Favero remporte l’étape Gien-Moulins longue de 210 km suivi par les Belges Willy Vannisten et Léon Van Daele.
Vendredi 11 mars 1960, cette fois Moulins n’est pas ville étape, mais les coureurs la traversent quand même, vers 13h 20, sur la route Bourges-Montceau-les-Mines. La municipalité conduite par Jacques Pligot, offre 3 primes, adjugées en face du palais de justice à René Privat, Pino Cérami et Jean-Claude Annaert. Le trajet retenu par les organisateurs emprunte ensuite la rue François-Péron, la place de l’hôtel-de-ville, les rues de l’Horloge, de la Flèche, Bréchimbault (où le virage à gauche à angle droit présente une belle difficulté s’il est pris à vive allure), le cours Jean-Jaurès et la rue de Bourgogne.
Le vendredi 9 mars 1984, Moulins bénéficie d’une course contre la montre de 34 km remportée par l’équipe néerlandaise Panasonic. L’équipe française Peugeot-Shell-Michelin est à 37 secondes et l’équipe allemande Safir-Van de Ven à 1 minute 17 secondes. Le samedi, les coureurs partent de Moulins pour rallier Saint-Étienne à 190 km.
Moulins est à nouveau ville étape le lundi 6 mars 1989 (Gien-Moulins 167 km). Les Belges Étienne de Wilde, Eddy Planckaert et le Néerlandais Adrie Van der Poel montent sur le podium moulinois. L’étape du lendemain part de Moulins vers Saint-Etienne (207 km).
En 2002, le mardi 12 mars, Moulins est le point de départ de l’étape en direction de Belleville-en-Beaujolais (170 km).
Pour terminer cette belle succession d’épreuves cyclistes de haute volée, les concurrents, venus de Cepoy dans le Loiret, rejoindront Moulins mardi prochain, après 200 km de course, pour disputer le sprint final route de Lyon, ligne droite longue d’au moins 2 km qui mettra Moulins et Yzeure sur le devant de la scène vélocipédique pendant quelques instants trop courts.
Louis Delallier
PS : Ma liste des simples traversées de Moulins par le Paris-Nice n’est pas exhaustive.
1 - épreuve cycliste sur route imaginée en 1933 par Albert Lejeune directeur du Petit Journal et du Petit Niçois pour établir un lien sportif entre les deux journaux.
2 - Hebdomadaire sportif créé en 1926 par Léon Bailby, (Intran pour intransigeant). Jean Prouvost le reprend en 1938 pour le transformer en magazine d'actualités. Interrompu en 1940, il reparaît en 1949 sous le titre « Paris-Match ».
3 - L’un de mes lecteurs m’a aimablement communiqué les références de l’ouvrage d’Yves Jean "Anquetil le mal aimé" (éditions Arthaud, 2015). Aux pages 67 et 68, l’auteur décrit l’atmosphère dans le hall du Grand hôtel de l’Allier où les coureurs et l’encadrement se reposent. Les amateurs de cyclisme sont aux aguets, prêts à s’approcher de leurs « héros » dont Louison Bobet. Ce dernier va prendre le temps de signer des autographes et d’échanger quelques mots avec un public conquis.