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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Juillet 1919, première fête des Cours d’après-guerre

Publié le 7 Juillet 2019 par Louisdelallier in Fêtes

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

Voici le premier été d’après-guerre. Le temps est venu de redonner vie à la fête des cours après  ces quatre années d’interruption et malgré la douleur encore vive dans chaque foyer. Il faut recommencer à s’amuser comme l’annoncent les belles affiches du comité des fêtes avec leur tilleul vert et leurs ballons orange.

Du samedi 5 juillet au lundi 14 juillet, nos cours ombragés retrouvent une joyeuse et bruyante  animation. Les baraques foraines, toutefois moins nombreuses qu’en 1914, satisfont un public prêt à se distraire comme avant.

L’attraction phare sera le labyrinthe géré par l’association générale des mutilés de l’Allier. Sa construction, du côté du théâtre, en a intrigué plus d’un. Il a fallu deux jours à l’adjudant Chaussat, au sergent Duron et à l’électricien Prouhet pour mettre en place une série de couloirs à l’agencement trompeur compliquant la découverte de l’escalier qui permet d’accéder à une plate-forme d’où il est possible de voir les égarés.

C’est par ce labyrinthe que la fête est inaugurée. Messieurs Léon Dubost et Coulon, président et vice-président des mutilés accompagnent les représentants du préfet, messieurs Carrière, secrétaire général, et Bouquet, chef de cabinet, Antoine Darfour, maire de Moulins, le colonel Moutier, commandant le 36e d’artillerie, le sous-lieutenant Martin, le lieutenant Boize, directeur de l’atelier de chargement, monsieur Jourdan, directeur de la compagnie d’électricité, Henry Bonnet, président du comité des fêtes, monsieur Chatron, secrétaire, monsieur Hivet, président des combattants et Seguin, secrétaire des combattants. Sans doute le chemin a-t-il dû leur être indiqué pour qu’ils ne perdent ni la face, ni leur précieux temps !

De 21 et 23 heures, huit-cents personnes n’hésiteront pas à entrer dans le dédale, tourner, revenir, repartir, s’esclaffer, s’interpeller. L’association des mutilés ne peut que se réjouir du succès festif et financier de sa réalisation.

Le jeudi étant le jour des enfants, un bal est organisé pour eux au café Américain, cours Anatole France, de 14h 30 à 17h 30. Ils sont ensuite invités au labyrinthe après le passage des enfants des pensionnats de la ville dont les orphelines de la rue de Villars. Les petits danseurs sont tellement impatients d’aller déjouer les fausses pistes pour arriver le plus vite possible en haut qu’ils renversent des clôtures, se servent dans les branches de sapin et cassent une des barres d’appui de la plate-forme. Des charpentiers sont dans l’obligation de réparer les dégâts pour redonner de la sécurité à l’ensemble.

En soirée, la Lyre moulinoise viendra adoucir les mœurs grâce à des morceaux choisis et variés tels un allegro militaire, la Marche du sacre du prophète de Giacomo Meyerbeer), la Fantaisie sur le Grand-Mogol d’Edmond Audran), la Polka du petit lapin de Francis Popy, la valse des Cloches de Corneville de Robert Planquette et la Marseillaise comme il se doit à quelques jours du 14 juillet.

Le labyrinthe est à nouveau sollicité, cette fois pour une bataille de roses qui génère une excellente recette pour l’association des mutilés qui sait qu’elle aura fort à faire durant les années à venir pour aider les soldats abimés par la guerre. 

Les œuvres de bienfaisance ont également beaucoup de plaies à panser dans la population. C’est pourquoi le  produit des entrées du bal des poilus à la salle de l’Américain, le samedi suivant, leur revient intégralement.

Le dimanche 13 juillet, l’incontournable labyrinthe devient salle de concert, salle de projections lumineuses et accueille une bataille de confetti.

La fête renaissante, très réussie, se termine le jour de la fête nationale qui, cette année-là, mélange victoire, revanche, hommage, recueillement, chagrin.

Mais, on ne se quitte pas comme ça. Le lendemain, mardi, le « métro », attraction rescapée des éditions précédentes et propriété de messieurs Cognard et Mutter est ouvert gratuitement aux enfants des hôpitaux, aux orphelins en groupe avec leurs maîtres et aux soldats en convalescence.

 

Louis Delallier

D’une durée d’une semaine à sa création en 1908 (du dimanche après le 24 juin au dimanche suivant inclus, puis du dimanche précédant le 14 juillet au dimanche suivant par arrêté du 20 décembre 1913 pris par le maire de Moulins, monsieur Darfour, ou du 7 au 14 juillet quand le 14 juillet tombe un dimanche), elle passe à deux semaines en 1924 (arrêté de monsieur Blanc, maire) du 1er dimanche de juillet au 3e dimanche inclus.

Cette fête foraine existe toujours à Moulins, du 1er samedi du mois de juillet au dimanche de la semaine suivante. Mais, ce n’est plus la « fête des Cours ». En 2006, à la suite de la rénovation des cours, elle fait un passage éclair et déplorable au parc des Isles à Avermes. Elle est ensuite envoyée à la plaine des Champins jusqu’en 2011. Le public n’est pas au rendez-vous et, en 2012, les forains s’installent place Maréchal de Lattre de Tassigny près du centre-ville.  

 

 

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