Yzeure a eu sa fanfare qui a longtemps côtoyé celle de Moulins, la Lyre moulinoise, au cours des nombreuses manifestations organisées par l’une ou l’autre des deux villes voisines.
Le 22 août 1880, les bases d’une société musicale « Enfants d’Yzeure » sont posées grâce aux dons de particuliers car la municipalité ne la subventionne pas. Elle est dirigée par monsieur Henrich, ancien élève du conservatoire et propose des cours de solfège gratuits.
Le 6 juin 1912, le vote unanime de nouveaux statuts permet une réorganisation salutaire de la fanfare. Plus de deux-cents personnes étaient réunies à la salle Marquet à Yzeure. Elles ont désigné les nouveaux administrateurs :
Président : Joseph Baudron
Vice-présidents : messieurs Laurent et Reynaud –
Secrétaire et secrétaire adjoint : messieurs Lacroux et Bonhomme
Trésorier et trésorier adjoint : messieurs Navrot et Patureau
Archiviste : monsieur Cajat
Membres de la commission des contrôles : messieurs Métivet, Bardot, Vray, Martin
Pierre Chaumas prend la direction avec, comme second, monsieur Marquet. Le siège social est fixé boulevard Jean-Jaurès chez Chaumas. Une tombola clôt la séance.
Pierre Chaumas, né à Moulins le 8 août 1873, est employé aux assurances mutuelles. Il est marié à Eugénie Prudhomme (née à Diou le 25 mai 1871) et père d’Antonin (né le 8 avril 1897) à Yzeure. Son épouse tient une épicerie et un débit de boissons* boulevard Jean-Jaurès.
En 1920, les musiciens qui ont rejoint la fanfare sont près de 80. C’est un groupe très actif qui participe, en plus des fêtes locales, à de nombreux concours musicaux et organise ses propres kermesses tous les ans. Celle du 31 juillet 1921 sera aussi l’occasion de désigner le plus beau bébé, né à Moulins ou à Yzeure (voir mon article à ce sujet).
Le 25 septembre suivant, un petit changement est effectué au conseil d’administration. Marcel Lemesle, le dynamique marchand de vêtements de la rue d’Allier, est choisi comme président d’honneur. Monsieur Garouste, chapelier à Yzeure, devient vice-président à la place de monsieur Reynaud, nommé vice-président d’honneur, lequel remet à Pierre Chaumas les insignes d’officier de l’instruction publique. Le mousseux est ensuite offert à toute l’assistance dont une partie doit se lever tôt le lendemain pour se rendre à Vichy au concours de musique (départ à 4h 22).
Au cours de l’année 1923, soit dix ans après les premières réflexions menées par la fanfare, un kiosque à musique, assez rudimentaire, est érigé place Jules-Ferry : socle en béton avec accès par un escalier, entouré d’une balustrade, non couvert. Il sera démoli en 1961.
Pierre Chaumas reste la cheville ouvrière de la fanfare jusqu’à la fin de sa vie car il décède subitement le 8 septembre 1926, quelques jours après la soirée théâtrale. Il aura ainsi constaté le succès remporté par la courte pièce écrite par son fils Antonin : « Au nom du Pair et du Fisc, ainsi soit-il ! » qui s’amuse de l’impuissance des médecins et officiels à guérir monsieur Lefranc de ses faiblesses, lequel sera sauvé par l’intervention miraculeuse d’un magnétiseur. Antonin succède à son père à la tête de la fanfare.
Les activités musicales seront, bien entendu, suspendues pendant les deux guerres. L’après seconde guerre mondiale constituera un sursaut pour la fanfare qui reprend ses répétitions en août 1944 avec 30 à 35 musiciens sous la direction de monsieur Molénat. Encore quelques défilés et bals avant le dernier, celui du 8 mai 1946, qui est également le jour du dramatique incendie de Jacquemart. Le dernier concert au kiosque est donné le jeudi 3 avril 1947 avant la dissolution actée en conseil municipal le 27 octobre suivant.
Pierre Chaumas est l’auteur, notamment, de la musique de la revue écrite par Hubert Pajot en 1925 Moulins Bouge. Il a collaboré avec le poète Georges Guérin-Choudey, admis à l’hôpital des convalescents d’Yzeure à la suite d'une blessure de guerre en 1915 pour mettre en musique Le Joyeux Bourbonnais et le Petit soldat.
Louis Delallier
*Ce commerce lui vaut une belle frayeur en mars 1925. Deux hommes d’une trentaine d’années paient le vin bu au comptoir avec un billet de 100 francs. Madame Chaumas, sans méfiance, va ranger cette grosse somme dans son sac à main enfermé dans une armoire. De retour dans sa boutique, elle reçoit un violent coup de poing à la tempe. Les deux clients ont ainsi le temps de dérober tout l’argent contenu dans le sac et le tiroir-caisse.