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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

L’ancêtre de la braderie moulinoise a 88 ans

Publié le 1 Septembre 2019 par Louisdelallier in Commerce

L’ancêtre de la braderie moulinoise a 88 ans
L’ancêtre de la braderie moulinoise a 88 ans
L’ancêtre de la braderie moulinoise a 88 ans
L’ancêtre de la braderie moulinoise a 88 ans

L’association commerciale et industrielle de Moulins présidée par monsieur Concasty (cordonnerie et manufacture d’ombrelles et de parapluies) organise sa toute première braderie le dimanche 31 mai 1931.

Les bonnes affaires seront à portée de main. Une voiture haut-parleur est envoyée dans 121 communes pour porter le message. C’est ainsi que des trains ordinaires ou spéciaux, des bus conduisent des milliers de passagers venus dénicher l’occasion rare, acheter bon marché, s’amuser.

Dès 8 heures et jusqu’à 20 heures, Moulinois et habitants des environs se bousculent dans les rues de Moulins.

Le secteur couvert est un peu plus grand que celui de ces dernières années (place d’Allier, rues d’Allier, de Pont, Wagram, Bréchimbault, François-Péron, place de l’Hôtel-de-Ville, rue de l’Horloge, de la Flèche, des Couteliers, place Cortet, rue Gambetta, Datas, Laussedat, Régemortes (entre la place Garibaldi et le marché couvert).

Les vendeurs, costumés pour beaucoup, ont étalé leur marchandise sur des éventaires ou à même le sol. Phonographes et pickups qui diffusent la Marseillaise, Ramona, Maurice Chevalier et les sonneries de clairon ajoutent à la frénésie acheteuse. On fouille, on commente, on hésite (peu), on sort son porte-monnaie, on continue sa prospection convaincu d’avoir du nez.

Tout est à vendre et tout s’acquiert comme des bottes vernies en chevreau pour dames à 1,45 franc, passées de mode depuis 10 ans ou des parapluies pour 5 francs.

Des chapeaux masculins en laine de mérinos, quelque peu déformés, s’arrachent à 5 francs pièce. Un lot de 7 chapeaux d’une qualité inférieure est vendu 10 francs.

Des bijoux en or, argent, de pacotille sont étiquetés de 2 à 800 francs.

Des articles de mercerie, malles, valises, couteaux, meubles, gants, cravates, tapis, vêtements, verres en cristal à moins d’un franc l’unité, meubles, machines à coudre, plumeaux, éventails, matériel de pêche, partitions musicales, des appareils de T.S.F. à 300 francs + haut-parleur en cadeau, des automobiles à 400 francs attendent preneur.

Les savons, les conserves, le saucisson, le saindoux, les têtes de cochon, les gâteaux, le café grillé, le chocolat, les caramels abondent. Tout fait envie.

On peut aussi déjeuner à pas cher (5 francs tout compris) ou boire un verre de bière à 0,60.

Il est à noter que l’enceinte de la braderie était interdite aux camelots étrangers à la ville. Cela n’a pas empêché une plus d’une centaine d’entre eux de tenter de s’imposer. Le service d’ordre dirigé par monsieur Letheule commissaire de police et l’adjudant Guillemard les a refoulés et installés place aux Foires (Jean-Moulin actuelle). Mécontents de cette alternative, certains prennent à parti le maire de Moulins, René Boudet, qui passait place d’Allier pour aller à la salle du Pont-Ginguet. Le service d’ordre doit intervenir une deuxième fois.

 

Le comité des fêtes présidé par monsieur Marquais, conseiller de préfecture, prolonge cette exceptionnelle journée par une fête de nuit sur les cours. Après s’être acquitté d’une entrée de deux francs, on profite des illuminations, des spectacles très divers et du bal avec bataille de confetti. Plus de 4 000 personnes s’y pressent. Des gymnastes, des équilibristes assurent des prestations de qualité. Tout naturellement, la Lyre moulinoise prête son concours.

On applaudit aussi des artistes venus tout spécialement en Bourbonnais : Les Katéo du cirque d’hiver - Miss Coran du casino de Paris - les frères Acyisida de l’Olympia - Mess et Ness de l’Empire - Le trio Czarda du Coliseum de Londres - Les Charlétty de Médrano.

 

René Barjavel*, pigiste au Progrès de l’Allier, écrit « En tous cas le souvenir du 31 mai 1931 restera longtemps vivace au tréfonds des cervelles moulinoises stupéfiées. Je dis bien stupéfiées, car même les plus optimistes ne pouvaient prévoir le succès monstre de la journée d’hier ».

Ce succès indéniable appelle une deuxième édition qui a lieu le 29 mai 1932 dans les mêmes conditions avec fête de nuit également et tombola gratuite. Un vendeur de meubles a placé 14 chambres à coucher et 11 salles à manger dans la journée.

Mais malgré ces deux réussites, le « format » comme on dit maintenant est abandonné dès l’année suivante. En effet, une « semaine commerciale » du 16 au 22 octobre prend le relais. Puis du 7 au 10 juin 1934, ce sont des « journées commerciales de Moulins » qui vont clore cette mini-série de mise à l’honneur du commerce.

La braderie, la vraie, renaît le 5 septembre 1954. Elle a lieu le premier dimanche de septembre. Même si, aujourd’hui, elle a perdu de son folklore et n’offre plus beaucoup de trouvailles, elle demeure un évènement commercial moulinois très couru.

 

Louis Delallier

 

*René Barjavel (1911-1925) était journaliste, essayiste, scénariste et dialoguiste de cinéma. Il a fait une partie de ses études au collège de Cusset.

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