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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Six mois incognito à l’hôtel Darmangeat

Publié le 26 Octobre 2019 par Louisdelallier in Faits divers, Portraits

L'hôtel en 2014 (photo Louis Delallier)

L'hôtel en 2014 (photo Louis Delallier)

Le vendredi est jour de marché à Moulins. Celui du 13 février 1931 se présente comme les autres pour un cultivateur des environs de Moulins. Il a ses habitudes à l’hôtel Darmangeat*, place aux Foires (actuelle place Jean-Moulin) où il dépose ses couvertures de voyage au grenier.

Cette fois, il y découvre un homme couché et avertit immédiatement monsieur Darmangeat, lequel appelle la police.

L’individu est emmené au commissariat par deux agents. Il s’agit de Robert M, typographe originaire de Commentry, fils de mineur, âgé de 25 ans. Interrogé par le commissaire Letheule, il livre son histoire très simplement.

Arrivé à Moulins en avril 1930, il a travaillé quelque temps dans une imprimerie moulinoise. En août, il constate que les travaux de l’hôtel Darmangeat lui offrent une belle opportunité de logement, car les portes restent ouvertes la nuit. Une rapide exploration confirme qu’une installation clandestine est parfaitement envisageable. Il choisit une écurie pour commencer avant de se déplacer au grenier, cachette plus discrète.

Il aménage son chez lui du mieux possible avec des couvre-pieds et des tapis subtilisés chez Merlin, le tapissier dont les ateliers donnent dans la cour de l’hôtel. Puis c’est un jeu pour lui d’installer l’électricité en se branchant sur le réseau de monsieur Blanc, mécanicien. Il trouve

en abondance de quoi s’alimenter et se désaltérer (vin cacheté, champagne, liqueurs…) dans les caves et la cuisine. Chaque nuit, il circule à sa guise dans l’hôtel déserté où les clefs sont à sa disposition. Le tiroir-caisse lui fournit l’argent nécessaire à des emplettes en ville.

Comme cela ne suffit pas à Robert, il dérobe un bracelet-montre en or à madame Buisson à Nomazy, des bouteilles de vin et des liqueurs chez monsieur Taque cafetier, près du théâtre, où il a logé en arrivant à Moulins, et du mousseux dans une cave de la rue des Six-Frères.

Outre ces méfaits, il possède un révolver dont le port est prohibé. Tout ceci lui vaut un an de prison à la Malcoiffée après son procès en correctionnelle en mars 1931. Il est défendu par maître Dussour. il a déjà quelques condamnations à son actif allant de 8 jours à 15 mois depuis son acquittement à l’âge de 20 ans compte tenu de sa jeunesse.

Il ne purgera pas toute sa peine puisqu’il est rattrapé par la police le 7 mars 1932 à Montluçon pour d’autres larcins. Le 21 avril suivant, le tribunal de Montluçon lui inflige une interdiction de séjour de 5 ans et une peine de prison à la maison centrale de Clairvaux.

Puis ce sont 6 mois de prison et 3 ans d’interdiction de séjour pour des vols en septembre 1933 au Coteau (Loire) et encore 10 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour pour avoir commis plusieurs vols ou tentatives par effraction en octobre à Saint-Germain-des-Fossés dans deux restaurants, un hôtel, une boulangerie et une entreprise. Il a été arrêté en possession de la panoplie du cambrioleur idéal : une pince universelle et deux trousseaux de 29 clefs au total.

Son séjour à l’hôtel Darmangeat apparaît comme une exception dans sa méthode de travail. En effet, loger sur son lieu de travail est une innovation qui offre beaucoup de confort à un cambrioleur...

 

Louis Delallier

 

*En 2019, il y a toujours un hôtel à cet endroit.

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