L’Epiphanie est l’occasion, pour le comité des fêtes de Moulins, d’organiser chaque année un bal et un goûter pour les enfants des écoles.
En 1921, le dimanche le plus proche du 6 est le 9 janvier. C’est donc le 9 janvier de 14h à 17 h, que se retrouvent tous ceux qui sont allés réserver leur entrée à 0,25 franc (0,27 euro) dans les bureaux de l’agence de publicité Paul Chatron, passage Moret. La salle du Pont-Ginguet est assez grande pour recevoir les 350 enfants qui se pressent pour participer à la fête au cours de laquelle le sort désignera un roi et une reine. Chacun a sa chance et y croit dur comme fer.
L’orchestre de monsieur Delgouffre anime les danses avec entrain. Filles et garçons s’amusent et peu importe si les pas sont inventés, si les polkas ressemblent aux javas. L’essentiel est de se déplacer plus ou moins harmonieusement, en suivant la musique de très loin parfois.
A 16 heures, J. B. Buvat, maire de Moulins fait son entrée avec deux conseillers municipaux, messieurs Larmé et Taque. Leur rôle est de remettre officiellement les livrets de caisse d’épargne de 50 francs aux deux enfants qui ont trouvé l’une des deux fèves dans leur part de galette, et un beau livre au roi ainsi qu’un bracelet à la reine. Simone Bidault et Robert Laurent sont les heureux élus. Pour plus de solennité, les deux vedettes du jour ont été revêtues de costumes d’apparat dignes des plus grandes cours. Le hasard a bien fait les choses car, malgré leur jeune âge, ces enfants ont été atteints durement par la guerre finie depuis à peine plus de deux ans. Robert a perdu son père au combat. Depuis, sa maman, couturière aux Jardins-bas, élève seule ses deux fils. Simone, elle, a vu revenir un père gravement blessé, reconverti en chauffeur d’automobile.
On recommence bien vite à danser avant un autre tirage au sort, celui de la tombola à partir des billets d’entrée numérotés. La distribution des lots donne lieu à des cris de surprise et de joie. Comme la générosité n’est pas un vain mot, des portions de galettes sont envoyées aux petites orphelines de la rue de Villars et aux enfants de l’hôpital.
Un grand merci est adressé à messieurs Henry Bonnet, président du comité, Chatron, Desboutin frères, Grémillon, Pourpognot père et fils, Salles, bijoutier dont certains se démènent depuis 1907, date de création du comité, pour divertir leurs concitoyens et dynamiser le commerce local.
Louis Delallier