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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

La fatale descente de Vallières

Publié le 22 Février 2020 par Louisdelallier in Cyclisme, Faits divers

Courrier de l'Allier mai 1905

Courrier de l'Allier mai 1905

Les cyclistes qui empruntaient le chemin des grandes Vallières arrivant de la forêt de Moladier et rejoignant la route de Souvigny n’avaient qu’à bien se tenir. L’endroit était dangereux pour les mal équipés ou présomptueux. Pour s’en persuader, il suffit de lire les quelques accidents passés dont certains furent mortels. 

E. B., jeune homme habitant Saint-Bonnet à Yzeure, rentre de Besson dans la soirée du dimanche 28 mai 1905. Entraîné par sa vitesse dans la pente de Vallières, il percute un arbre où son vélo se brise. Inanimé, il est secouru par des promeneurs et s’en sort avec une forte peur seulement.

Le dimanche 30 octobre 1909, un jeune boulanger exerçant à Decize descend la côte tellement vite que son élan l’emporte au point de rater le virage du bas. Après avoir heurté le parapet du pont, il tombe sur la voie ferrée à huit mètres en contrebas. Monsieur Dye, marchand de volailles moulinois, de passage à ce moment-là, le ramène en ville à la pharmacie Thévenin. Le jeune Martin y reçoit les premiers soins pour une blessure importante à la jambe gauche. Il termine la journée rue du 14-juillet chez des parents.

Les autorités municipales concernées (Moulins, Neuvy et Bressolles) ne restent pas indifférentes. Un vœu est déposé au cours du conseil municipal moulinois le 20 novembre 1909 par monsieur Caumartin. Il est rappelé que cette portion de route est dangereuse pour les cyclistes et cause un préjudice aux transporteurs de coupes d’arbres des forêts domaniales de Boisplan et de Moladier qui doivent faire un long détour. Parallèlement à une transmission au préfet, le conseil d’arrondissement de Moulins est saisi. Après étude, le service vicinal propose deux solutions : modification de la déclivité ou classement du chemin vicinal 17 de Bressolles dans le réseau d’intérêt commun pour y détourner la circulation sans allongement du trajet. Le devis des travaux atteint 20 000 francs et Neuvy refuse de participer à la dépense. L’administration des ponts et chaussées n’a pas d’autre choix que d’incorporer au réseau le chemin de Bressolles, préalablement remis en état par la commune. Cela sera effectif en en avril 1910. Il s’ensuit le déclassement du chemin 37 entre la borne 14km 500 et la route 145 qui ne devrait plus être utilisé que par ses riverains. Mais personne n’en fait rien.

Et malheureusement, le dimanche 4 mai 1913, vers 19 heures, Octave Laffaye, 17 ans, domestique au lycée Banville revient, par cette trop fameuse descente, d’une sortie en forêt à bicyclette. Alors qu’il est en train de perdre le contrôle, la chaîne de son vélo saute et c’est le choc avec le parapet du pont du chemin de fer. Il est relevé par le camarade qui l’accompagne, transporté dans une maison voisine, puis à l’hôpital Saint-Joseph où il décède des suites d’une fracture du crâne le mercredi vers 18h 30.

A l’occasion de cet accident dramatique, on rappelle encore la nécessité urgente de rectifier l’embranchement du chemin de Moladier et de la route de Limoges…

A la fin du mois de décembre 1914, Florimond Vandenheede, réfugié belge de 36 ans, originaire de Bruges, percute lui aussi le pont à son retour de Cressanges. Il meurt d’une fracture du crâne peu après son arrivée à l’hôpital Saint-Joseph.

Pour terminer, cette succession d’accidents, voici Gilbert Tardivon, 49 ans de Fleury-sur-Loire (Nièvre), qui arrive à bicyclette d’une belle balade à Moladier, le mardi 15 août 1916. La vitesse de sa machine le jette contre la balustrade du pont d’où il bascule aussitôt sur les rails. Il n’aura « que » de multiples contusions et une jambe cassée qui seront soignées à l’hôpital Saint-Joseph.

Cette descente rapide existe toujours. Mais elle n’est plus l’itinéraire ordinaire des cyclistes (bien moins nombreux) ou des véhicules à moteur. Ils empruntent la route de Cressanges qui, bien que pentue aussi, ne fait pas parler d’elle.

 

Louis Delallier

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