Le dimanche 4 mars 1906, tout ce que l’Allier compte, ou presque, de francs-maçons, se hâte vers la Loge de la rue Gaston (actuelle rue Charles-Rispal) pour un dîner d’ordre. Le décor de fête est dû au concierge, monsieur Diot, également conseiller municipal.
Ils sont 117, venus de Moulins et ses environs, de Montluçon, Vichy, Lapalisse, etc., à être accueillis par monsieur Nodière, économe des hospices de Moulins, qui préside la soirée. Parmi eux, Henri Péronneau, fondateur de la loge « L’Equerre » de Moulins*, avocat et conseiller général, Marcel Régnier, propriétaire du Progrès de l'Allier, alors député, Verne, Minier.
Au dessert, les toasts sont chaleureusement applaudis. La fin des agapes est sonnée à 22h 30, ce qui laisse le temps aux convives de se répandre en ville par petits groupes dans les cafés, leur cercle et les concerts de la ville.
Voici leur menu :
Potage brunoise
Brochet sauce tartare
Filet de renne sauce poivrade
Timbale maréchal
Petits pois bonne femme
Pintade rôtie cresson
Salade
Jambon d’York
Bombe glacée
Dessert
Café et liqueurs
Vins du pays
Champagne
Cette maison de la rue Gaston a fait l’objet d’un article dans La Croix du 6 novembre 1905. Il y est question de la maison mystérieuse dont la façade est ornée d’un triangle symbolique. Le journaliste a glané quelques informations comme la présence de trois acacias plantés en triangle dans la cour et le filtrage excessif de la lumière extérieure. Il en profite pour faire le procès de la société franc-maçonnique moulinoise, ce qui ne surprend pas compte tenu de ses engagements professionnels dans un quotidien catholique.
Louis Delallier
*Loge du Grand Orient de France fondée en 1887, toujours en activité.