À deux mois tout juste du début de l’impitoyable premier conflit mondial, il est fait appel aux bonnes volontés populaires pour venir en aide aux soldats blessés et aux civils déplacés. Le sacrifice des pères et des fils ne suffisant pas, il faut encore participer à l’entraide dans tous les domaines. C’est l’effort de guerre !
C’est ainsi que le 1er octobre 1914, un atelier de confection est ouvert au 28 rue de Bourgogne à Moulins. Là, 45 femmes de tous les âges, divisées en quatre groupes, travaillent assidûment à la réalisation de couvre-pieds et d’édredons destinés aux blessés et aux réfugiés, ces derniers sont déjà 100 000 à avoir été répartis dans le département. Il faut travailler vite pour satisfaire les besoins de plus en plus grands. On dispose de seulement 10 couvre-pieds pour un groupe de 250 enfants d’Arras, bombardé pendant 22 jours, qui vient de débarquer à la gare dans les plus grands désarroi et dénuement. Ils seront installés dans l’ancien séminaire du Réray à Aubigny.
Heureusement, les dons de vieux rideaux, toiles un peu défraichies pour l’enveloppe, de laine, chiffons, échantillons, vieilles étoffes pour la garniture affluent. La cretonne garnie de plumes est recommandée pour les blessés car plus légère à supporter. On a abandonné la fabrication en papier qui a donné de mauvais résultats.
Toutes les classes de la société contribuent, même les moins nanties, parfois anonymement. Une dame qui apporte un gros ballot d’étoffe ne souhaite pas donner son nom. « Peu importe » dit-elle « vous ne savez pas mon nom. Dieu le sait et c’est assez ». Une autre coiffée de blanc, répond simplement : « c’est de moi ».
A la mi-novembre, le Courrier de l’Allier relaye l’appel de l’abbé Jules de La Celle, qui est aussi aumônier militaire au 13e corps, réclamant des couvertures. Près de 200 sont ainsi récupérées et redistribuées. Plus tard dans le mois, il en faut 400 pour l’ambulance de Moulins.
Le mardi 2 février 1915, une réunion se tient dans la grande salle de l’ouvroir sous la présidence de l’évêque, Jean-Baptiste Penon, et en présence de l’abbé de La Celle qui dresse le bilan des travaux charitables. Ce sont 428 couvre-pieds, 57 couvre-pieds-édredons, 25 couvertures, 10 paires de draps soit 520 objets chauds pour les blessés des hôpitaux dont 479 ont déjà été répartis comme suit :
Hôpital de Bellevue : 76 couvre-pieds
Institution du Sacré-Cœur : 12 couvre-pieds
Présentation : 12 couvre-pieds
Noviciat des Frères : 12 couvre-pieds et 19 édredons
Pensionnat Saint-Gilles : 35 couvre-pieds et 28 édredons
Yzeure : 100 couvre-pieds et 6 édredons
Réfugiés des pays envahis : 111 couvre-pieds et 2 édredons
Orphelins d’Arras 66 couvre-pieds.
Et ce n’est qu’une goutte d’eau dans la tâche incommensurable d’atténuation des dégâts causés par la guerre.
Louis Delallier