Ce lieu-dit moulinois se trouve juste à côté du pont de fer, rive droite. Son eau fraîche était très réputée. Elle était même comparée à l’eau de Vittel dont la qualité vient de son passage à travers des plateaux calcaires. C’est aussi le cas de l’eau de la Font-Vinée qui descend des Garceaux en traversant un gisement de calcaires à phryganes. Les habitants du quartier venaient y remplir leurs pichets aux heures des repas.
Francis Pérot, né à Moulins, passé de la profession de menuisier à l’archéologie et l’histoire, explique que l’eau de la Font-Vinée « est d’une qualité et d’une pureté exceptionnelles. Sans être minéralisée, elle est très appréciée des promeneurs. On la nommait autrefois « le font-vineuse » ou « égale au viné ». Dans son Folklore bourbonnais, il signale que pour combattre les fièvres, outre la récitation de 5 pater et 5 ave pendant 9 jours, il faut prendre trois verres de l’eau de la Font-Vinée, pendant trois jours avant le lever du soleil.
Une rue, de 226 mètres, porte toujours ce nom. Elle part de la rue des Garceaux pour aboutir à la route qui conduit à Nomazy. Elle longe l’actuel dépôt-vente d'Emmaüs.
Une fabrique de poteries en terre noire y fut active. Au bord de l’eau à la fin du XIXe siècle, étaient amarrés les bateaux-lavoirs de messieurs Mussier, Givonnet et Fanjoux.
Plus avant dans le temps, un bateau-moulin possédé par monsieur Turlin était connu pour être une gêne sérieuse à la navigation sur l’Allier, ce qui déclencha quelques procès. En juillet 1790, le sieur Turlin fut toutefois autorisé à continuer à creuser pour enlever les sables qui entravaient le passage de l’eau pour arriver à son moulin.
Au début du XXe siècle, Victor Chemelle y ouvre un café-restaurant (encore actif en 1913), faisant face au boulevard de Nomazy actuel au pied du pont de fer. Il vante dans sa publicité la vue superbe sur les bords de l’Allier et ses consommations de 1er choix. Il propose un boulodrome et des jeux divers pour ses clients. L’endroit devient le siège de la Boule moulinoise dont les concours de pétanque sont très fréquentés.
Le quartier de la Font-Vinée, comme de nombreux quartiers de la ville, organise sa fête. Celle du dimanche 11 juillet 1897 commence à 14 heures : mât horizontal, courses plates sur la pelouse pour pur-sang et longues oreilles (des lapins ?), tarissement de la rivière par 4 pompiers du XIVe siècle et concours des mangeurs de millias (clafoutis aux cerises) sont au programme de l’après-midi. La buvette gratuite pour les pauvres est installée à l’endroit habituel. Un feu d’artifice est annoncé.
En 1909, elle a lieu les dimanche 29 et lundi 30 août. Un concours d’aérostats constitue une attraction très suivie. Jeux divers, bataille de confetti, embrasement général et à 20 heures, concert des trompettes de l’Étendard moulinois sont au programme. Le lundi, les visiteurs ont le loisir d’admirer les 509 pigeons dans leurs paniers en osier prêts à être lâchés pour un envol bruyant et rapide en direction de leurs colombiers respectifs. Ils appartiennent aux sociétaires de la société de colombophile La Vigilante. Le feu d’artifice est tiré à 21 heures.
Et ce sont ses agréables jardins que choisit la Boule moulinoise pour sa première kermesse, le dimanche 30 juillet 1911.
Louis Delallier