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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

« Au revoir ? Où ça ? » : Jean Martiniaux est mort

Publié le 16 Mai 2020 par Louisdelallier

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

Nous sommes à la mi-décembre 1872.

Jean Martiniaux, 67 ans, époux de Jeanne Moreau et tailleur de pierre, domicilié rue du Pont-Ginguet à Moulins, vient de mourir. Il sera enterré civilement, ce qui est considéré comme une grave transgression des pratiques religieuses de l’époque. Le Mémorial de l’Allier et le Messager de l’Allier se font l’écho d’un bien triste spectacle, douloureusement remarqué par la population.

La veille de cette « affaire » regrettable, les amis et les frères sont prévenus de façon individuelle ou par le Républicain de l’Allier dont la ligne éditoriale est bien éloignée, on s’en doute, de celle de ses confrères.  

Ils sont tous là, les amis et les frères. Parmi eux, « l’élite du parti radical » qui « ne pouvait manquer une si belle occasion de se montrer » tels les Félix Datas * et Mathé **, monsieur Pine et monsieur Maria. Chacun revendique ainsi sa liberté de conscience et son refus des croyances, de l’ignorance et proclame son attachement à la République.

Le Mémorial se réjouit des contradictions relevées : près du cercueil, un vase rempli d’eau bénite et le port, par une femme, d’une croix de bois destinée à la tombe. Et il relève que le citoyen Maria a conclu son discours par un « Au revoir, frère ».

Très caustique, le journaliste ajoute : « Au revoir ? Où ça ? ».

 

Louis Delallier

 

* Félix Datas, né à Niort en 1804, fut intendant militaire de la garde nationale sédentaire de Moulins de 1846 à 1851, conseiller municipal (1874-1876), conseiller général (1871-1878) et député de l’Allier (1878-1884) siégeant à l’extrême-gauche. Il meurt subitement à Paris, au  31 rue de Verneuil, le 21 février 1884. Son corps est transporté à Moulins pour une sépulture civile le samedi 23 février (voir mon article à ce sujet).

** Félix Mathé, né le 20 novembre 1834 à Moulins, est le neveu d’Antoine Félix Mathé représentant de l’Allier à l’assemblée de 1848 et expulsé lors du coup d’état de 1851 et il est le  frère d’Henri Mathé, député de Paris. Il est conseiller municipal de Moulins en 1881 et député de l'Allier de 1883 à 1898 pour la Gauche radicale.  Mort d’une pneumonie à Moulins, le 27 août 1911, il est enterré civilement, lui aussi, à Moulins, le 30 août 1911.

 

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