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Le grenier de mon Moulins

Histoire de Moulins (Allier) et anecdotes anciennes

Fin août 1913, protestations dans le quartier de la gare

Publié le 22 Août 2021 par Louisdelallier

Photo Louis Delallier

Photo Louis Delallier

Un transformateur électrique est en cours de construction dans le jardin de la gare à côté de la station de fiacres. Les riverains sont en ébullition et veulent empêcher la poursuite des travaux en s’inspirant des Moulinois de la place Victor Hugo et du boulevard de Courtais qui ont obtenu gain de cause. Ces derniers s’étaient plaints de la gêne pour la circulation routière et de l’inesthétique des postes du même type devant être bâtis près de chez eux.

Les habitants du quartier de la gare avancent, eux aussi, l’argument de la mise à mal de l’esthétique. La perspective au sortir de la gare sur le square en serait irrémédiablement gâchée et l’adjonction d’un urinoir et de quatre WC payants est un désagrément supplémentaire. Ils proposent une alternative à l’emplacement de l’ancienne rotonde où les massifs d’arbustes existants formeraient un écran suffisant.

Après une intervention sans succès auprès des élus, certains ont rédigé une pétition qu’ils présentent au voisinage pour donner du corps à leur protestation :

[…] Nous, soussignés, protestons de toutes nos forces contre ce projet qui, outre qu’il n’a point reçu l’assentiment du conseil municipal, serait une atteinte monstrueuse à l’esthétique de la plus belle place de la ville, et demandons que les deux édicules en question soient reportés à l’endroit qu’occupait naguère la Rotonde, emplacement qui parait mieux indiqué à tous égards. »

Le Courrier de l’Allier reçoit la lettre d’un lecteur outré qui crie au scandale, au ridicule, et s’insurge contre une municipalité manquant de respect à ses administrés avec le sacrifice de l’un des coins les plus délicieux de la ville.

Début septembre, des centaines de signatures ont déjà été récoltées. Malheureusement, le bâtiment s’élève de plus en plus vite comme une sorte de pied-de-nez aux pétitionnaires qui n’auront plus qu’à accepter le fait accompli.

Le 7 septembre, le Courrier de l’Allier publie la lettre ouverte d’un groupe d’habitants à M. le maire et à MM. les conseillers municipaux dont voici quelques extraits :

[…]« Vous avez commis une très lourde faute en laissant établir le poste électrique de l’avenue d’Orvilliers juste dans l’axe du boulevard du Champbonnet de façon à boucher la perspective qui s’étendait jusque sur l’avenue d’Orvilliers » […]

[…] « Vous avez laissé commettre la même faute sur notre place de la Gare » […]

[…] « Des pétitions se couvrent de signatures » […]

[…] « De tous côté on vous crie : Casse-cou ! et vous continuez à aller contre les avertissements qui vous sont donnés. Pourquoi ? Il est permis de se tromper, mais il n’est pas permis de faire preuve d’un tel sans-gêne et de narguer ainsi toute une population. »

[…] « De grâce, monsieur le maire, donnez l’ordre de faire disparaître cette monstruosité ou donnez la raison majeure pour laquelle ce monument doit subsister, peut-être alors nous rendrons-nous à l’évidence. »

On y rapporte aussi les réflexions désobligeantes de voyageurs venus pour la foire. Tout ceci semble ne pas avoir atteint le moins du monde le maire et ses conseillers. En effet, aujourd’hui encore, le transformateur électrique doublé de ses WC publics est bien visible à l’endroit initial. Il y a bien longtemps que personne n’y prête plus attention.

Louis Delallier

 

 

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