Par tolérance municipale, et ce depuis au moins 20 ans, les personnes se rendant au champ de foire moulinois pouvaient laisser leurs attelages dans les rues voisines. Mais le mardi 2 juin 1899, au retour de leurs propriétaires, les 18 ânes soigneusement attachés rue du Vert-Galant ont disparu. L’inquiétude qui gagne les paysans est bientôt remplacée par de la colère quand ils apprennent au poste de police où ils sont allés porter plainte que leurs animaux ont été placés en fourrière pour débarrasser la voie publique. L’histoire ne dit pas s’ils ont dû s’acquitter d’une amende pour les récupérer.
A la fin du même mois, un animal sauvage défraye la chronique yzeurienne. Monsieur Périsiez tailleur d’habits aux Bataillots, rue Postiau, est tout retourné. Son petit singe a réussi à se détacher et s’est enfuit. Il a commencé par entrer par la fenêtre d’un voisin où il se retrouve dans la vaisselle que madame la voisine est en train de faire. Terrorisée par cette apparition exotique et inopportune, elle garde toutefois assez de cran pour le chasser. Le tailleur d’habit tente de le rattraper dans les champs, mais il revient griffé au visage en tout et pour tout.
L’escapade fait grand bruit et dure. La peur s’installe, principalement chez les enfants et leurs mères. Le singe, lui, prend des habitudes : dans les jardins, la journée, pour trouver à manger quand il ne se saisit pas du pain des enfants qui vont à l’école et dans des meules de foin la nuit. Malheureusement pour lui, il est trop agile pour les humains à qui il échappe depuis une semaine. Ces humains, son propriétaire compris, décident d’en finir avec une méthode bien supérieure en efficacité à de simples singeries. Un coup de fusil, le dimanche 28, et c’en est fini du singe qui n’aurait jamais dû être bourbonnais.
Cette fois, c’est un chien hargneux qui fait les frais de l’attitude inconséquente de son maître. Le dimanche 26 août 1900, un jeune Moulinois, mécanicien 1er maître dans la marine au port de Toulon, revient du Montet à vélo profitant de ses congés pour rendre visite à sa famille. Près de Souvigny, une descente de la route est très tentante pour rouler vite sans forcer. Pourquoi s’en priver ? C’est sans compter sur un chien de ferme qui assaille notre cycliste insouciant pour le mordre. Un chien méchant, une grande vitesse et la panique ne font pas bon ménage. La bicyclette et l’homme pénètrent à vive allure dans un champ avant de pouvoir enfin s’arrêter. Le fermier et ses collègues s’amusent de l’évènement et, loin de calmer le jeu, ils attendent la suite avec des encouragements à l’animal. Funeste sottise ! Le cycliste repasse devant la ferme où le chien s’énerve une deuxième et dernière fois avant d’être abattu d’un coup de révolver par le marin...
Louis Delallier